Téessem chez les romains

AUTEUR : Arpone

Préambule affectif

Cette histoire brève a été écrite par jeu par une personne géniale lorsque nous partagions nos passions sur des groupes d'écriture qui ont tous été détruits par yahoo. Nous étions un petit club d'auteurs et nous amusions comme des fous. Une bonne partie des récits du site viennent de ces groupes d'écriture.

TSM

La journée avait été harassante. Après les tracas du quotidien, les responsabilités de plus en plus écrasantes, Téessem monta dans son recoin sous les toits, verrouilla sa porte branlante comme s'il s'était s'agit d'un coffre fort, appuya sur le bouton d'allumage de son vieil ordinateur alors même qu'il n'était pas complètement assis. Il y avait urgence. Son second univers allait le sauver de l'autre, celui qui s'estompait rapidement au bruit croissant du souffle du disque magnétique qui se lançait avec difficulté. La tête dans les mains, il fixait l'écran qui prenait vie. Il était déjà ailleurs.

La lumière l'aveugla soudain. Un instant il maugréa, pestant contre tous ces virus qui encombraient le net. « C'est encore un de ces trucs qui a changé la couleur de mon écran !!! »

Mais non. Il se redressa soudain, constatant que son écran n'avait rien. En fait, il n'y avait plus d'écran, plus de recoin sous les toits, plus de toit non plus.

Un bruit sec retentit dans son dos. Toujours aveuglé par la lumière jaune et chaude, il sursauta et tenta de se retourner. Une douleur lamina ses cotes et jusqu'à ses épaules qu'il découvrit dénudées.

• Avance le chrétien !!!

Il était au sol. Derrière lui, un homme en costume de romain le regardait méchamment. C'était presque un géant. Il leva au dessus de sa tête une liane en cuir tressé. Téessem ne bougea pas, éberlué par le cauchemar dans lequel il venait de tomber.

Le bras s'abattit dans sa direction. La liane de cuir serpenta dans l'air. Incrédule, le 'Chrétien' suivit des yeux l'esse souple qui décrivit une courbe parfaite dans sa direction. Il ne cligna pas même des yeux, tant la scène lui était étrangère. Il rêvait. Il cauchemardait plutôt et, quand il le déciderait, il se retrouverait face à son ordinateur poussif qui aurait peut-être enfin fini par démarrer.

La liane claqua. Ses épaules furent entaillées d'une zébrure de s a n g. La douleur le vrilla au sol. Il comprit alors que tout cela, réel ou pas, atteignait son corps et jusque à ses entrailles.

Le géant riait en voyant sa proie rouler sur le sable pour tenter de s'éloigner de lui. Son bras arma un nouveau coup. Téessem était paniqué. Roulant encore sur lui-même, il tentait de mieux comprendre son nouvel environnement, 'd'analyser' les évènements... ;-)

Il se trouvait en plein milieu d'une grande place entourée de centaines de petites maisons mi torchis mi pièces de bois emmêlées. De grandes tentures multicolores claquaient au vent, bousculant des grappes de légumes et de fruits séchés qui pendaient à l'envie.

Les lieux grouillaient d'une foule bigarrée qui hurlait et remuait en tous sens. Autour de lui et du géant s'était formé un cercle de jeunes et de vieillards assez inactifs pour rechercher dans cette scène les plaisirs d'un spectacle qui semblait à leur goût. Le fouet claqua encore, marquant ses mollets.

Les yeux exorbités, Téessem remarqua enfin le plus étrange de sa situation. Ses pieds étaient fins. Extrêmement fins. Ses jambes, parfaitement imberbes, avaient la couleur du lait. Il se redressa, voulant par sa soudaine obéissance aux ordres que hurlaient le démon romain, gagner quelques secondes de répit pour mieux se consacrer à sa nouvelle découverte. A peine redressé, le géant passa autour de son cou la boucle d'une corde et le tira vers une file déjà constituée d'esclaves mâles et femelles. Une fille se tourna vers lui et lui lança en chuchotant de crainte « Voyons, Téessef, tu devrais obéir !! Ils vont finir par te tuer !!!»

Ils étaient dans un marché romain. Là bas, dans un angle de l'immense place, trônait une esplanade le long d'un grand mur d'enceinte. Totalement soumis, les mains sur le noeud coulant afin d'éviter la strangulation, Téessem, qui, dans ce monde de folie, semblait s'appeler Téessef, échappa enfin à la fureur du romain qui chassait un autre des chrétiens récalcitrant. Tous venaient d'être jetés à bas d'une série de chariots où s'empilaient des cages qui, ouvertes les unes après les autres, lâchaient leur lot de prisonniers hagards et maltraités.

Ignorant pourtant ses malheureux compagnons, Téessef osa enfin se lancer à l'exploration de sa nouvelle et réelle condition. Glissant une main sous sa toge de laine écrue, il eut par le toucher la révélation qu'il craignait.

Dans sa main tremblante, il serrait la masse compacte et lourde d'un sein chaud et généreux. Il découvrit dans sa chair un frisson particulier qu'il savait déclenché par cette nouvelle et inattendue zone érogène. Suivant toujours le cortège pleurnichard, comme inconscient des dangers qui le menaçaient visiblement, sa main parcourut son ventre plat et tendu de crainte, sa croupe ronde et musclée, puis son entrejambe, où nul attribut masculin ne pendait.

A leur place, fouillant la toison chaude et humide aux boucles emmêlées, il trouva ce qu'il y recherchait, plus par une brusque contraction de son corps que par une reconnaissance tactile. Il était femme. Femme de haut en bas. Il sentait soudain ce qui lui avait jusque là échappé. Le poids des mamelles à chacun de ses pas, les fesses puissantes ondulant sous sa toge, sa faiblesse générale, la douleur dans son ventre vrillé par la terreur, ...