Amélie

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il y a 4 ans
  • Monsieur ? Est-ce que je pourrais vous parler ce soir, après la classe, en particulier ?

Qu'est-ce qu'elle voulait encore, cette petite bécasse ? C'était le jour de la rentrée, et ça recommençait déjà.

  • Oui, bien sûr !

Sébastien se sentait d'une humeur lugubre. Au moment où elle débutait, il se demandait s'il aurait le courage de terminer l'année scolaire.

Pourtant, la vie était tranquille à Saint-Bayafe-les-Cassines. II y avait le calme, la verdure, la bonne chère et de sympathiques paysans... Bien trop aimables, oui !... La télévision n'avait pas encore atteint le prestige de l'instituteur, dans cette campagne à demi-désertée...

Et l'an dernier, lorsque Sébastien avait accepté ce poste pour tenter d'oublier Sylvie, il était loin de se douter des pièges de cette campagne bucolique. Les premières semaines, il n'avait pas mangé une seule fois chez lui.

Bien entendu, les paysans voulaient savoir à qui ils confiaient l'éducation de leurs e n f a n t s, cela n'avait pas étonné le jeune instituteur. Et lorsqu'après le copieux repas du dimanche, son hôte lui suggérait d'aller faire une promenade digestive avec la fille aînée de la maison, il avait d'abord pris cela pour une marque de confiance.

Ce ne fut qu'après quelques dimanches qu'il comprit la signification de certains sous-entendus, d'ailleurs de plus en plus clairs. Au moment de l'inévitable promenade avec la fille à marier, le maître des lieux semblait dire : " Je sais bien que vous avez refusé la fille de Gaston, mais je suis sûr que ma fille vous plaira, que vous l'épouserez et qu'elle vous donnera de magnifiques garçons..."

Et chaque dimanche soir, lorsqu'il ramenait chez elle la drôlesse avec laquelle il venait de passer quelques heures m o r t ellement ennuyeuses, le paysan était vexé, même s'il tentait de le cacher, que Monsieur l'Instituteur n'ait pas sauté sa fille !

Mais Sébastien n'avait vraiment aucune intention de se marier! Il avait donc terminé stoïquement la tournée des parents de ses élèves, afin de ne pas faire de jaloux, et il s'était méfié comme de la peste des agissements de leurs filles...

Cela n'avait pas toujours été facile car, durant ces après-midi de dimanche, plusieurs d'entre elles s'étaient offertes à lui, d'une façon plus ou moins provocante, et il avait eu besoin de tout son s a n g -froid pour ne pas les culbuter dans le sentier creux toujours proche...

Son seul véritable regret, au cours de cette découverte du monde paysan, avait été la certitude que certaines des filles qu'il avait refusées s'étaient fait gronder et peut-être battre pour leur échec si elles s'étaient montrées hardies, ou pour leur timidité si elles avaient gardé quelques réserves lors de cette promenade fatidique...

Sébastien était né à la ville et n'éprouvait aucune attirance particulière pour la campagne ; aucune répulsion non plus, d'ailleurs. Il voulait seulement oublier Sylvie et il ne savait pas encore s'il accepterait de faire sa vie à Saint-Bayafe. Mais il n'ignorait pas que, s'il s'y décidait, il serait condamné à épouser une payse dans un avenir proche : il y avait échappé l'an dernier et, durant cette année qui commençait, les paysans le prendraient pour un prétentieux, une baudruche, voire un homosexuel, s'il ne se mariait pas, et la vie deviendrait insupportable s'il refusait de s'intégrer.

D'un autre côté, plusieurs de ses élèves féminines parmi les plus âgées possédaient un physique fort agréable, et un esprit malicieux et vif. Comme Madeleine, par exemple, ou cette Amélie qui venait de lui demander si elle pouvait lui parler ce soir, après la classe...

Mais les réticences de Sébastien venaient de l'étonnement qu'il avait ressenti à voir les paysans lui jeter leurs filles dans les bras, comme l'on propose du bétail. Et puis aussi, et surtout, Sylvie l'avait dégoûté des femmes pour quelque temps encore. Sylvie qui était prodigieusement belle et intelligente, orgueilleuse et sophistiquée, mais surtout exigeante et horriblement capricieuse...

Moins d'un mois avant la date prévue pour leur mariage, elle s'était enfuie avec un autre homme. Elle avait agi par caprice et méchanceté, car elle était revenue trois jours plus tard et s'était étonnée de l'accueil glacial de son fiancé. La dispute explosa et le mariage fut annulé.

Pendant plus d'un an, ils ne se revirent plus et Sébastien n'entendit parler d'elle que par l'intermédiaire d'amis communs. Puis vinrent les grandes vacances. Ils se rencontrèrent par hasard et se tombèrent dans les bras. Ils vécurent ensemble pendant une semaine durant laquelle Sylvie se montra douce, aimable...

La garce !

À la fin de la classe, Sébastien se faisait toujours une tasse de thé. C'était même la seule tâche ménagère qu'il ne confiait pas à la mère Gabion. Il emmena donc Amélie dans sa cuisine. La plupart de ses élèves rentraient chez lui de temps en temps, selon les circonstances : Sébastien n'avait rien d'autre à cacher que son amour tragique avec Sylvie, et faire entrer Amélie dans sa cuisine ne le compromettait en rien.

  • Je t'écoute, dit-il en versant le thé dans la théière avec le soin qu'apporte un alchimiste au Grandouvre.

  • B'en, voilà... Je ne sais pas trop par où commencer, voyez-vous... C'est bien délicat, je... Vous connaissez l'anglais, hein, Monsieur Sébastien ?

  • Oui, et alors ?...

Amélie enroulait son doigt dans son tablier d'écolière. Elle était charmante lorsqu'elle rougissait un peu, à ce moment-là. Et son sarrau cachait bien mal la silhouette harmonieuse d'un corps déjà épanoui.

  • B'en voilà... Est-ce que vous pourriez me l'apprendre ? Elle posait cette question comme si elle se jetait à l'eau. Je veux dire : est-ce que vous pourriez me donner quelques leçons... simplement pour que je puisse me débrouiller ?

  • Pourquoi ne demandes-tu pas à ton père de t'envoyer au lycée, en ville ? Tu es douée, tu pourrais passer ton bac, je suis sûr Si tu veux, j'insisterai auprès de ton père

  • Y voudra jamais ! s'écria Amélie avec un s a n g lot dans la voix. Et puis, même si j'allais au lycée, ce serait trop long... J'ai besoin de savoir parler anglais le plus vite possible !

C'était un véritable cri de détresse. Et Sébastien fut tellement touché par tout le désespoir contenu dans les yeux d'Amélie qu'il versa la moitié de l'eau bouillante à côté de la théière.

Vous en faites tomber, dit la gamine d'une voix indifférente. Puis, comme son instituteur demeurait béat, sa casserole à la main, elle expliqua

  • Voilà... Pendant les vacances, il y a des anglais qui sont venus camper au Vieux Moulin... Peter, il s'appelle... Je veux aller le rejoindre !

Elle avait lancé cette dernière phrase avec une détermination étonnante.

  • Vous n'en parlerez pas, hein ?..

Un peu tard, elle s'apercevait qu'elle s'était peut-être confiée trop vite et que Monsieur Sébastien n'accepterait pas nécessairement de devenir complice... Mais Sébastien savait être ému par les histoires d'amour: après avoir assuré Amélie de sa discrétion, il l'interrogea en détail sur cette aventure de vacances et les projets qu'elle avait formés. Il en résulta que la jeune campagnarde s'était fait dépuceler par un Britannique à peine plus vieux qu'elle et que celui-ci, à l'aide des quelques rudiments de français qu'il connaissait, lui avait promis son amour éternel et l'avait invitée à s'enfuir pour le rejoindre en Angleterre où, bien évidemment, il l'épouserait...

À l'appui de ses dires, Amélie montra fièrement à Sébastien une lettre de plusieurs pages, rédigée dans un franglais assez incohérent, mais qui prouvait du moins que le suborneur se souvenait encore de sa jeune conquête quelques jours après être revenu dans son île natale.

  • Avant de t'embarquer, conseilla l'instituteur, il faudrait t'assurer qu'il t'est toujours fidèle, et qu'il est prêt à prendre ses responsabilités...

Amélie devint écarlate.

  • II faut que je le rejoigne... Il le faut, vous comprenez !... Je ne suis pas encore certaine, mais je crois bien que je suis grosse !...

Sébastien demanda une journée de réflexion. Amélie s'était mise dans un très mauvais cas. Il désirait l'aider, mais il devait agir avec prudence et circonspection ; s'il ne voulait pas trahir son élève ni s'attirer des ennuis pour lui-même, il devait examiner soigneusement tous les danger et tous les risques.

  • Laisse-moi cette lettre... Je vais tâcher de la déchiffrer complètement Et reviens me voir demain soir: je te dirai alors ce que je peux faire pour toi...

  • Je vous en supplie, Monsieur Sébastien... Faites quelque chose !._ Vous êtes mon seul espoir ! Je ferai ce que vous voudrez, mais aidez-moi_ je vous en conjure !... Ce que vous voudrez...

Aussitôt qu'Amélie fut partie, Sébastien commença à traduire la lettre de Peter. Il en apprit ainsi plus que ce que son élève avait jugé utile de lui confier. Le garçon paraissait sincère et parlait effectivement de faire venir Amélie en Angleterre et de l'épouser. Il prétendait même que ses parents étaient tout à fait d'accord. Une phrase, cependant, surprit beaucoup l'instituteur: Peter disait que son seul regret était qu'Amélie n'ayant pas été éduquée selon les principes britanniques, elle aurait quelques difficultés pour s'adapter à la discipline domestique...

Evidemment, Sébastien comprenait parfaitement ce que cela sous-entendait, mais, sur le moment, il s'étonna de ce qu'Amélie, dans les quelques restrictions qu'elle avait faites au sujet de son émigration, n'ait fait aucune allusion à ces châtiments corporels dont Peter avait sans doute dû lui parler, s'il était aussi franc et honnête envers elle que sa lettre le laissait supposer.

Si elle n'était pas au courant du fait que son fiancé trouverait légitime de lui cravacher le bas du dos lorsqu'elle lui aurait déplu, il était du devoir de Sébastien de l'en avertir. Mais si Amélie savait déjà ce qui l'attendait, fallait-il admettre qu'elle acceptait cette perspective sans rechigner ?

Si elle en était avertie et que cela lui eût semblé choquant, elle le lui aurait dit... Ne lui avait-elle pas raconté pratiquement dans quel fourré et dans quelle position Peter l'avait culbutée ?

En tout cas, ce détail apportait une nouvelle dimension au problème, une dimension qui s'ouvrait, pour Sébastien, des horizons sans bornes... Le lendemain soir donc, après la classe, en prenant son thé, il traduisit de nouveau pour Amélie la lettre de son galant. Elle l'écouta avec attention, assise auprès de lui, buvant ses paroles comme si sa vie en dépendait.

  • Il semble convaincu de ce qu'il dit, conclut Sébastien. Et tu t'entendais bien avec ses parents ?

  • Oh, oui !... Avec sa mère, surtout... Elle m'a appris à faire le pudding. C'est même l'excuse que j'ai donnée à mes parents quand je venais voir Peter... Ses parents à lui, ils savaient bien qu'on couchait ensemble, et sa mère, elle m'a fait comprendre plusieurs fois qu'elle serait contente que je me marie avec Peter...

  • Mais alors, pourquoi ne leur as-tu pas demandé d'aller parler à tes parents ?

  • À cause de mon père... Déjà, il voyait mal que j'aille voir... Les Anglais, c'est nos ennemis héréditaires, qu'il dit, et puis qu'ils nous ont toujours roulés... enfin, des histoires de vieux, vous voyez ?

  • Je vois, répondit Sébastien d'une voix songeuse. Il y a autre chose, aussi : comprends-tu que ton Peter est un fervent partisan de la discipline domestique ?

Amélie devint écarlate. Les yeux baissés, suivant distraitement du doigt les dessins de la toile cirée, elle avala péniblement sa salive.

  • Oui... je sais... reconnut-elle d'une voix presque inaudible. Mais cela ne change rien... Je l'aime !

Cet aveu f o r c e né constituait pour elle la plus inébranlable justification. Et, avant que Sébastien eût choisi la manière d'exprimer ce qu'il voulait lui dire, la jeune campagnarde essaya de minimiser l'importance de ce point délicat.

  • Et puis, vous savez... dit-elle avec une belle conviction, les taloches, j'y suis habituée depuis longtemps avec mon père ! Alors, avec Peter, ça ne pourra jamais être pire, et puis je serai si gentille avec lui qu'il n'aura aucune raison de me battre...

  • Je constate, en effet, que tu prends là une sage résolution, reconnut volontiers l'instituteur. Mais est-ce que tu te rends bien compte de la différence qu'il peut y avoir entre une gifle ou deux venant de tes parents lorsqu'ils sont en colère et une dizaine de coups de cane données froidement et à nu, sur tes parties arrières ?

Amélie eut l'air vraiment embarrassé. Il lui aurait été fort difficile de devenir plus rouge, mais maintenant, sa gêne provenait moins de l'aspect scabreux du sujet abordé que du fait qu'elle ne savait effectivement pas comment répondre à cette question.

  • Bien... C'est-à-dire que je ne sais pas ce que c'est qu'une canne... Enfin le genre de canne dont vous voulez parler... Mais un jour que j'avais interrogé Peter Sur ce point, il est allé cherché sa sueur qui a un an de moins que lui, et il lui a dit de se déculotter devant moi : j'ai vu qu'elle portait trois ou quatre lignes rouges entrecroisées, légèrement boursouflées, en travers des...

Amélie s'arrêta brusquement comme si elle comprenait soudain que Sébastien, pour être instituteur, n'en était pas moins homme, et qu'elle était en train de lui raconter des jeux que les adultes avaient l'habitude de réprouver.

  • Ce n'est pas une canne, mais une ..cane "; se mit-il donc à expliquer afin de venir en aide à son élève. Et cela ressemble tout-à-fait à la canne de bambou de Charlot. Tu peux être certaine que cela cingle très durement et peut laisser des marques pendant plusieurs jours...

  • Tant que cela ? demanda Amélie, tandis qu'une angoisse évidente traversait son regard. Puis elle se reprit et revint à ce qui lui semblait l'essentiel. Est-ce que vous avez l'intention de m'aider ?

Sébastien s'éclaircit la gorge.

  • À certaines conditions seulement ! Je veux bien t'apprendre l'anglais, évidemment. Mais dans cette situation délicate, il me semble surtout urgent que tu ailles voir une gynécologue ; puis il faudra ensuite prévenir Peter et ses parents de ton éventuelle grossesse... J'accepte de t'emmener en ville chez une doctoresse, en trouvant une excuse pour tes parents, si besoin est. Je peux aussi écrire pour toi en Angleterre, et, après tout cela, mais le plus vite possible, essayer de t'aider à convaincre tes parents... Je veux bien te servir d'intermédiaire, mais j'y mets des conditions impératives...

Au fur et à mesure que Sébastien exposait ses projets, les yeux d'Amélie s'éclaircissaient de gratitude. Elle était toute prête à lui sauter au cou.

  • Je ferai tout ce que vous voudrez, Monsieur. Demandez-moi et j'obéirai aussitôt ! Vous me sauvez la vie...

  • Allons, allons ! Pas d'enthousiasme excessif !

Sébastien, en vérité, était extrêmement satisfait de la réponse d'Amélie, encore qu'il se méfiât un peu des élans par trop généreux. Il préférait obtenir une soumission progressive qui pourrait durer et s'étendre fort loin, plutôt qu'une reddition brutale sur laquelle Amélie chercherait à revenir au bout de quelque temps.

  • Voilà : la condition principale est que tu sois bien certaine de tes sentiments et de tes intentions à l'égard de Peter. Et pour me prouver cela, il faut que tu te montres une élève appliquée, travailleuse et docile. L'ardeur que tu mettras à apprendre l'anglais me prouvera que tu aimes vraiment ce garçon et veux sincèrement l'épouser... D'un autre côté, surtout durant les quelques semaines qui vont suivre, tu devras faire exactement ce que je te dirai et ne jamais en parler à personne. À personne, tu entends ?

Amélie fit un signe de tête pour signifier qu'elle comprenait bien la nécessité de cette discrétion.

  • Puisque tu t'es confiée à moi, poursuivit Sébastien, c'est que tu me fais confiance. J'accepte de te préparer pleinement à ta nouvelle vie. Tu devras continuer à me faire totalement confiance, même lorsque j'aurai dû me montrer un peu vif envers toi... Par exemple, puisque Peter semble regretter que tu n'aies pas reçu une éducation à l'anglaise, je me propose de t'enseigner l'anglais selon les méthodes britanniques, c'est-à-dire, pour être parfaitement clair, en te cinglant le postérieur avec un objet approprié quand j'aurai estimé que tes progrès ne sont pas assez rapides... Je ferai cela pour ton bien, comprends-tu ? D'abord, cela aura pour conséquence de te faire. apprendre plus vite, et d'autre part, cela t'habituera peu à peu à devenir une parfaite épouse d'Outre-Manche...

À l'attitude troublée de son élève, Sébastien comprit qu'elle ne s'était pas attendu à une telle convention.

  • Si-si vous le dites... balbutia-t-elle. Mais êtes-vous sûr que ce soit indispensable ?

Il était évident qu'il n'aurait pas beaucoup de mal à la convaincre. Toutefois, il tenait à ce qu'Amélie acceptât d'elle-même, activement, cette condition, et non qu'elle s'y résolût à contre-coeur, en concédant cette clause en remerciement des services qu'il allait lui rendre.

  • Il n'est pas indispensable que je t'apprenne, l'anglais, dit-il d'une voix douce afin d'atténuer la menace sous-entendue. Seulement, pour la même raison que j'exige, pour t'aider, que tu sois sincère dans tes intentions, je ne veux pas avoir à te faire travailler de f o r c e . C'est ta vie, c'est de toi que doit venir l'effort. Si je suis indulgent avec toi, je ne te rends pas service et je ne peux pas être certain que tu es sincère !...

  • Je comprends très bien, déclara Amélie. Mais je vous promets que j'apprendrai vite, parce que c'est vraiment ce que je veux, partir avec Peter et l'épouser et vivre avec lui... C'est vrai, vous savez, vous me sauvez la vie en acceptant de faire tout ce que vous avez dit tout à l'heure... Alors, c'est bien la moindre des choses que j'accepte la manière dont vous voulez m'apprendre... enfin, vous voyez ce que je veux dire...

En évoquant ainsi de futurs châtiments corporels, ses joues retrouvèrent brusquement la rougeur qui s'était un peu atténuée durant les explications de Sébastien.

  • Mais quand vous parliez de conditions, reprit-elle, je pensais à l'argent: je ne sais vraiment pas comment vous payer. Je ne pourrai pas vous rembourser avant d'être mariée...

  • Laissons cette question, intervint le jeune instituteur. Je me doute que tu ne peux pas me payer. Mais justement, ma récompense sera dans le plaisir et l'enthousiasme que tu mettras à apprendre, dans les progrès rapides que tu feras et dans le fait que je t'aurai aidée à être vraiment heureuse, tu comprends ?

Cette fois, Amélie eut les larmes aux yeux. Durant quelques secondes, elle s'agita nerveusement. Puis, avec un mouvement qui lui paraissait sans doute très audacieux, elle empoigna la main de Sébastien et la porta à ses lèvres pour l'embrasser fiévreusement.

  • Oh, Monsieur, vous êtes si bon ! déclara-t-elle enfin. Je ferai tout ce que vous voudrez, je serai une élève exemplaire et vous me punirez chaque fois que vous le jugerez nécessaire, et de la manière que vous voudrez... Je serai obéissante, je vous donnerai tout ce que j'ai, je serai votre servante...

  • Je n'ai nul besoin de domestique...

  • Je serai votre esclave...

Sébastien estima alors qu'il avait parfaitement réussi à obtenir ce qu'il désirait : il ne lui restait plus qu'à abattre sa dernière carte, plus par précaution que par nécessité. Il prit un ton grave et chaleureux.

-C'est donc entendu : je t'aiderai du mieux que je peux. Evidemment, si jamais je découvrais que tu n'étais pas sincère et ferme dans tes intentions, je devrais immédiatement aller tout raconter à ton père : je ne veux pas faire de chantage sur ce point, mais, en tant qu'instituteur, j'ai des responsabilités envers tes parents. Je veux bien t'aider parce qu'il me semble que cette solution est la meilleure pour toi, mais je ne peux pas me permettre de me tromper, et si je le faisais, il me faudrait immédiatement rendre des comptes...

  • Oh ! bien sûr ! je comprends, affirma Amélie. Je ne voudrais surtout pas vous attirer des ennuis et vous pouvez être certain que je ferai exactement ce que vous m'ordonnerez...

Dès le lendemain jeudi - qui était le jour de congé écolier, en ce temps-là - Sébastien emmena Amélie en ville. Pour écarter tout soupçon, il emmena deux autres élèves qu'il abandonna à la piscine municipale. Puis il conduisit Amélie chez la gynécologue, une femme aimable et très compréhensive à laquelle il exposa succinctement la situation avant qu'elle n'ausculte la jeune fille. Elle ne put se prononcer immédiatement mais ordonna aussitôt la pilule.

Après en avoir discuté pendant le temps qu'il se trouvait seul avec Amélie, il rédigea ensuite deux lettres, l'une plus ou moins dictée par sa protégée à l'intention de Peter, l'autre plus complète et plus détaillée dans laquelle il expliquait aux parents du garçon qu'ils devraient contacter ceux d'Amélie dans un avenir proche s'ils souhaitaient une issue harmonieuse à toute cette affaire.

En ramenant la jeune fille chez elle, il demanda à son père s'il ne voyait pas d'inconvénients à ce qu'il donnât quelques leçons particulières à Amélie afin de savoir si elle ne pourrait pas passer le certificat à la fin de cette année, c'est à dire un an plus tôt que prévu. Le père ne parut pas extrêmement convaincu de la nécessité de faire de sa progéniture un prodige de culture, mais il trouva fort intéressant que l'instituteur lui portât une attention toute particulière.

Monsieur Sébastien aurait-il réfléchi pendant les grandes vacances ? Et Amélie serait-elle l'élue parmi toutes les filles à marier du canton ? Pour bien montrer à quel point il ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'Amélie restât après la classe, le père donna une bourrade à Sébastien et lui lança un air entendu.

  • Et puis, si elle se montre pas b'en attentive, b'en faut surtout pas hésiter à lui donner qué'ques torgnoles, hein ? Paf, paf ! sur les deux joues .... Ou b'en même sur son gros pétard ! Y a b'en plus de place, et pis, ça la remet en place, elle aussi, pa'ce qu'à cet âge-là, ça se croit déjà une dame, alors qu'c'est encore qu'une drôlesse .... Mais j'vous dis ça, tiens, j 'suis b'en sûr qu'vous savez très b'en comment vous y prendre, c'est-y vrai, c'est-y pas vrai, hein ?

Sébastien eut droit à un nouveau coup de coude dans les côtes l'affaire était bien résolue, au moins pour un certain temps, de ce côté-là.

  • Mais je vous assure que je fais mon possible, Monsieur. Mais c'est très dur à prononcer...

  • Essaye encore !

Sébastien parlait d'une voix douce et ferme. Il ne s'impatientait pas, et c'est son calme imperturbable qui amenait son élève à se sentir coupable et à se troubler de plus en plus.

Amélie recommença donc à lire la liste de ces mots qui ne revêtaient encore aucune signification pour elle. Elle prononçait très lentement articulait les syllabes une à une et dodelinait la tête comme pour mieux faire jaillir chaque son de sa gorge.

  • Haeu pric... hoeu djon'... hoeu coc'... hoeu péteur... hoeu c'...

  • Ce n'est pas " péteur " mais " pitoeur "... Comment appelles-tu ton petit ami ? -

  • Ça dépendait : au début je disais " pétère ", mais ses parents disent

plutôt " pit' ", alors après j'ai dit comme eux, ou bien je lui donnais d'autres noms gentils, je l'appelais " Darligne ! "... Mais justement, je voulais vous demander: " piteur " c'est un prénom, alors pourquoi on met un article devant ?... Comme pour " djon' " ?...

Sébastien fut gêné durant une seconde par la perspicace question de son élève.

  • Eh bien... commença-t-il. Disons qu'il s'agit là d'une manière anglaise de parler... Peter désigne un garçon qui se prénomme ainsi, et "a Peter "désigne ce qui fait de lui un garçon, tu comprends ?...

Aussitôt, le visage d'Amélie s'empourpra et son instituteur fut ainsi persuadé qu'elle comprenait parfaitement. Pour se donner une contenance, la jeune fille reprit immédiatement son exercice de prononciation. Elle avait beaucoup de mal à se rappeler certains mots, principalement ceux placés en fin de liste. Et ses erreurs répétées irritèrent bientôt Sébastien. Avec patience, il les lui fit répéter encore, par cinq à la fois, sans trop de problème. Mais lorsqu'il exigea, pour terminer la leçon, qu'elle lui relise correctement toute la liste, le résultat fut désastreux.

  • Voilà un bien mauvais départ, Amélie ! déclara-t-il avec froideur. Ce n'est qu'une première leçon, courte et facile : si tu n'es pas attentive et appliquée dès maintenant, qu'en sera-t-il lorsque nous aborderons des leçons plus compliquées ?

Amélie osait à peine lever les yeux vers lui.

  • Alors, d'abord, poursuivit-il, je veux que tu saches prononcer tous ces mots pour demain soir l...

  • Oui, Monsieur...

  • Et ensuite, pour te punir de l'inattention que tu as témoignée durant ce dernier quart d'heure, je vais te donner une bonne fessée ! ... Je n'ai pas de cane sous la main, et en attendant de trouver un objet adéquat, tu seras fessée, nous sommes bien d'accord ?...

Honteuse, rougissante, Amélie n'osa protester. Pourtant, dans son esprit, elle trouvait relativement concevable d'être fouettée avec une cane, puisque c'était le sort qui l'attendait avec son fiancé. S'y soumettre avec son instituteur lui semblait constituer une sorte d'entraînement, exactement comme l'on apprend à nager malgré la perspective peu probable de tomber à l'eau.

La fessée, par contre, lui apparaissait un châtiment extrêmement humiliant et e n f a n t in. Cependant, d'un autre côté, pouvait-elle se permettre de courir le risque que Monsieur Sébastien se désintéressât de son sort, cessât de l'aider et allât tout dire à son père ? Dieu seul sait quelle punition elle aurait à subir, si une telle catastrophe arrivait.

  • Si... Si vous pensez qu'il le faut...

  • Bien ! Alors, lève-toi et approche !

  • C'est sans doute... balbutia-t-elle en se levant timidement. Ce n'est peut-être pas pareil. mais il y a un... martinet à la maison. Il est au fond d'un placard et maman ne s'en sert plus depuis plusieurs années...

Une lueur de jubilation traversa le regard du jeune homme. En écoutant son élève avec une attention accrue, il éloigna sa chaise de la table afin d'être pleinement â son aise pour infliger le châtiment annoncé.

  • Oui... je pourrais l'apporter, quoi !... si vous croyez que cela puisse être un objet qui convienne...

-Mais, tu dis que tes parents ne s'en servent plus. Dois-je comprendre que tu recevais le martinet lorsque tu n'étais pas sage ?... Il y a longtemps de cela ?

Amélie se tenait debout devant lui, dansant d'un pied sur l'autre, écarlate.

-Oh, vous savez... je crois qu'il a surtout servi avec mon frère aîné... Ma mère m'a cinglé les mollets avec, des fois, mais c'est surtout des gifles que j'ai reçues, et même encore maintenant...

Le ton acerbe avec lequel elle avouait cela montrait sans doute possible qu'elle détestait ce genre de traitement au plus haut point et que, s'il fallait recevoir des coups, elle préférait encore le martinet.

  • Nous discuterons de cela plus tard, trancha Sébastien. Pour le moment, il est temps pour toi d'être fessée !... Viens t'allonger en travers de mes genoux! Non, par là !

Avalant péniblement sa salive, la jeune fille vint se placer contre la jambe droite de Sébastien. Puis, timidement, elle pencha un peu le buste en avant. Ne voulant pas effaroucher trop sa docile élève, pour cette première punition, il posa sa main sur le bas du dos, par dessus la boucle de la ceinture du sarrau, et il pressa jusqu'à ce qu'elle fût allongée complètement en travers de ses cuisses.

Il put ainsi sentir toute la troublante chaleur de ce corps souple et capiteux, crispé d'appréhension. Puis, d'un geste ample, sans précipitation, il retroussa du même coup le tablier et la jupe, dévoilant des mollets ronds et nus, et des cuisses blêmes, potelées.

Amélie portait une petite culotte blanche en coton qui n'était pas d'une marque évoquant la marine.

Bien décidé à ne pas heurter d'emblée la pudeur de l'a d o l e s c e n t e, Sébastien choisit d'écarter simplement le tissu afin de dénuder la seule fesse droite, celle qui s'offrait sous l'angle le plus vulnérable à ses coups. D'autre part, cette exhibition partielle du postérieur rebondi lui permettait de se ménager des surprises. Il entendait consacrer le temps nécessaire à l'éducation d'Amélie. Même si Peter venait la chercher rapidement, il disposait au moins d'un mois, ou d'un trimestre, peut-être même plus, s'il s'avérait qu'elle n'était pas enceinte. Et Sébastien se sentait déjà bien assez excité par ses agissements pour se contenter aujourd'hui de ne dévoiler qu'une seule fesse. D'autant plus que sa main, en tirant la jambe de la culotte, allait se nicher aux abords du val moelleusement évasé qui traversait ce charmant arrière-train. Il leva la main droite, la maintint en l'air pendant quelques secondes pour mieux jouir, déjà, de ce qu'il allait faire. Puis il frappa.

-Aah !... cria la gamine surprise.

Le jeune instituteur se mit alors à fesser régulièrement, avec une f o r c e toujours égale, visant toujours le même endroit : cela aussi était une manière de prendre son temps pour découvrir chaque parcelle de ce corps frémissant...

Si elle avait glapi à la première claque, parce qu'elle n'avait su en prévoir ni la f o r c e ni la soudaineté, Amélie s'eff o r ç a de demeurer stoïque sous les coups suivants. Elle serra les dents pour rester silencieuse, et les poings pour ne pas bouger. Mais le maître frappait toujours la même fesse, le même versant, juste au-dessus de la séparation d'avec la cuisse. Et l'embrasement de cette partie charnue devint très vite intolérable. Pour essayer de mieux se contenir, la victime voulut empoigner les pieds de la chaise.

Elle fut contrainte de renoncer, car cette disposition l'obligeait à se tordre légèrement, mais surtout à se pencher complètement en avant, ce qui lui semblait une position tout-à-fait indigne. Elle tenait à prouver à Monsieur Sébastien qu'elle se soumettait à cette dégradante mesure parce qu'elle n'avait pas le choix, mais aussi parce qu'elle savait qu'une fessée ne constituait pas une épreuve bien douloureuse au regard de la cane et donc, qu'elle était prête à endurer bien pire...

S'agripper a la table présentait à peu prés les mêmes désavantages que la chaise: une position instable, étirée, misérable... Alors que l'incendie de sa fesse droite ne cessait d'empirer, Amélie en vint à s'étreindre la poitrine. Elle était bien fournie pour son âge et ses deux mains ne suffisaient déjà plus à la contenir. Et pendant que Sébastien, indifférent à la fatigue de son bras et à l'embrasement de sa paume, continuait à fesser de toute son énergie, elle se pressa les seins, les empoignant au point de les meurtrir, les tordant en tous sens avec un grognement sourd. Tant et si bien qu'elle en arriva à éprouver quelque plaisir.

Sa position indécente, retroussée, le popotin à demi-nu, la douleur ressentie qui irradiait dans tout son bassin, le tourment supplémentaire qu'elle s'infligeait en se torturant la poitrine, ainsi que la chaleur de ce corps masculin sur lequel elle était impudiquement répandue, tout cela lui apporta un troublant réconfort, même si le châtiment demeurait une épreuve...

  • Ça suffit ! déclara soudain le fesseur qui se sentait alors incapable de garder son s a n g -froid plus longtemps devant cet excitant spectacle. Debout ! Et j'espère que, demain, tu seras plus attentive, n'est-ce pas ?... Et aussi que tu sauras prononcer comme il faut tous les mots que je t'ai donnés...

  • O-Oui, Monsieur Sébastien, promit la charmante gamine en se redressant comme si tout son corps était courbatu.

Ses joues rayonnaient du même éclat incandescent que sa fesse enflammée.

  • Qu'est-ce qu'on dit ? demanda Sébastien, sentant qu'il devait parfaire la scène qui venait d'avoir lieu par quelque cérémonial adéquat.

  • Merci, Monsieur Sébastien... susurra Amélie.

  • Et de quoi'?

  • Merci de la leçon d'anglais... merci aussi de l'autre leçon... enfin, vous comprenez...

La manière dont elle se caressait timidement le haut de la cuisse était explicite.

  • Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, monsieur Sébastien. continuât-elle avec un émouvant accent de sincérité. J'aimerais vous rendre service... Demandez-moi, je vous en prie, je voudrais vous aider. moi aussi...

  • C'est gentil, mais à quoi veux-tu m'aider ?...

  • C'est... Je pourrais vous soulager...

  • Me soulager de quoi ? demanda l'instituteur au comble de l'étonnement. Il n'osait pas comprendre que cette gamine voulait parler

de ce qu'il croyait deviner.

Amélie le regarda brusquement dans les yeux, et cette audace était surtout destinée à la réconforter elle-même.

  • Enfin... vous savez bien... j e l'ai déjà fait au cheval, des fois... Quand j'étais contre vous, j'ai bien senti comme il était gros et dur, votre... Sébastien !

Pendant un instant, l'instituteur demeura pantois. Il dut rassembler toute sa volonté pour tenter de cacher son trouble. Mais il ne voulait pas gâcher son plan par une manœuvre trop précipitée.

-Tu es une très brave fille, ma petite Amélie, dit-il en lui déposant un baiser fort chaste, presque paternel, sur le front. Effectivement, il pourra arriver que j'accepte ce service... Mais maintenant, tu dois rentrer chez toi si tu veux que tes parents ne soupçonnent rien. Alors rentre vite et apprends tes leçons, n'est-ce pas ?...

  • Oui, Monsieur Sébastien !

Elle avait dit cela dans un élan de joie, et, avant que son partenaire eût compris ce qui arrivait, elle lui sauta au cou et l'embrassa sur les deux joues, avec de gros baisers sonores. Puis elle disparut aussitôt, sautillante, ayant manifestement oublié pour l'instant la morsure de la fessée.

Sébastien la regarda courir sur le chemin. II souriait avec une satisfaction malicieuse.

Lorsqu'elle fut hors de vue, il rentra chez lui en jurant : il lui fallait se changer, il avait joui dans son pantalon et son slip était plein de sperme ! La deuxième et la troisième leçons particulières que Sébastien donna à Amélie se déroulèrent sans incident. La gamine faisait de rapides progrès en prononciation, et dès qu'elle eut appris quelques mots de vocabulaire, elle sut vite rédiger de petites phrases grammaticalement correctes.

L'aimable instituteur ne pouvait pas déterminer dans quelle mesure cette réussite était due à la sévère fessée qui avait achevé la première leçon, ou bien à la motivation qui poussait Amélie à apprendre l'anglais. Bien sûr, il aurait pu facilement trouver un prétexte pour renouveler le châtiment plus tôt. Il y renonça parce qu'il ne désirait pas faire preuve d'une trop grande intransigeance. Egalement, ces deux jours sans fessée lui permettaient d'établir avec certitude que la fillette ne lui en voulait pas : elle lui avait promis d'être docile, elle avait accepté sans trop de réticence l'idée de recevoir des punitions corporelles, mais Sébastien se méfiait, par principe, d'une rébellion toujours possible.

De même, malgré l'excitation qu'elle provoquait en lui, il préférait ne progresser qu'avec modération quant à ses exigences perverses, car il n'aurait pas du tout apprécié, compte tenu de la situation, que l'on puisse l'accuser d'être le responsable de la grossesse d'Amélie. Cette question trouva d'ailleurs une réponse plus rapide qu'il ne l'avait d'abord prévue. C'était le dimanche, en fin d'après-midi, et il revenait de la ville.

Il pleuvait et Amélie l'attendait, assise sous le préau. Elle portait un ciré bien trop grand pour elle, et elle se mit à courir aussitôt que la voiture de Sébastien pénétra dans la cour.

Avant qu'il eût ouvert sa portière, elle déploya son manteau pour le protéger de la pluie tandis qu'il descendait de voiture. C'est ainsi qu'il put constater qu'elle pleurait à chaudes larmes.

  • Qu'y a-t-il ? demanda-t-il dès qu'ils furent rentrés dans la maison.

  • Oh ! Monsieur Sébastien !... Monsieur Sébastien ! répéta-t-elle plusieurs fois en l'étreignant étroitement, indifférente au fait que son ciré trempé était en train d'inonder le costume de Sébastien.

  • Calme-toi, je t'en prie... Enlève ton imperméable et assieds-toi : tu vas me raconter tout ça tranquillement...

Puis il se mit lui-même à l'aise et s'affaira pour préparer du thé. Le regard vide, maintenant, Amélie suivait ses gestes. On aurait dit qu'elle cherchait à reprendre sa respiration, bien qu'elle ne fût pas essoufflée.

  • Je ne sais pas par où commencer, déclara-t-elle enfin. Il y a tant de choses... D'abord... eh bien, d'abord, je suis indisposée...

Un peu distrait par ses préparatifs, Sébastien ne répondit pas : il avait compris qu'elle n'était pas en forme.

  • Je vois bien, dit-il pour interrompre le silence qui s'installait. Tu as besoin de repos...

  • Non, ce n'est pas... Elle balbutiait en rougissant. Je me suis mal exprimée... Je voulais dire que j'ai mes... que j'ai mes ourses !

Elle avait lâché ces quelques mots d'un seul coup, comme si cette expression un peu brutale constituait son ultime chance de transmettre clairement l'information.

  • Ah !... s'exclama Sébastien, vaguement furieux contre lui-même de s'être montré si obtus. Bon, et alors, c'est plutôt une bonne nouvelle, non ?

  • Oui, non, c'est-à-dire... Je ne sais plus...

Et une vague de larmes submergea de nouveau ses yeux.

  • Il y a autre chose... Il y avait une lettre de Peter, hier, et mon père ne me l'a dit que tout à l'heure. Il l'avait déjà déchirée et mise au feu... En fait, il l'a ouverte quand le facteur l'a apportée, et quand il a vu que c'était de l'anglais, il l'a jetée en jurant, et je n'en ai entendu parler que parce que ma mère a vendu la mèche, cet après-midi, sans le faire exprès...

Il s'en était suivi une v i o l ente colère du père. Amélie n'avait pipé mot, malgré l'avalanche de questions qu'elle avait dû subir. Et aussitôt qu'elle avait pu s'enfuir de chez elle, elle était venue à l'école pour se confier à l'instituteur, et elle l'avait attendu durant plusieurs heures, tout en se torturant d'inquiétude.

  • Est-ce que ton père prend au sérieux ton désir d'épouser Peter ? demanda Sébastien.

La gamine eut un nouvel accès de larmes.

  • Je ne sais pas, avoua-t-elle piteusement. Une seule chose est certaine, c'est qu'il ne veut pas en entendre parler... Alors, qu'il prenne ça pour un caprice ou pour une envie vraie, cela ne change pas grand chose, vous savez

Sébastien avait une opinion différente. Durant une seconde, il fut saisi d'un doute affreux. Et si Amélie était aussi vicieuse que Sylvie, malgré ses abords angéliques ? Elle aurait une menstruation irrégulière et toute cette histoire n'aurait pour but que de f o r c e r " Môssieu l'Instituteur " à s'intéresser suffisamment à sa petite personne pour qu'il se trouve contraint de l'épouser sous la pression de la rumeur publique...

Non, seule son obsession de Sylvie pouvait lui inspirer de telles horreurs. Il lui fallait chasser définitivement cette salope de son esprit, et se convaincre qu'il existait des filles sincères, sinon, il se retrouverait vite aigri et vieux garçon. En réalité, si Amélie n'était pas enceinte, Sébastien devait simplement déterminer si son envie de l'éduquer selon des méthodes supposées typiquement britanniques méritait le risque d'être un jour obligé de l'épouser.

Ne s'était-il pas déjà engagé vis-à-vis de cette gamine ? Le seul souvenir de la fesse droite si potelée rougissant sous ses coups...

  • Hou ! hou ! où êtes-vous, Monsieur Sébastien ?

La fillette essayait déjà depuis quelques instants de faire sortir son jeune instituteur de la profonde réflexion dans laquelle il était absorbé. Et, du coup, la nécessité de le rappeler à la réalité avait fait renaître sur ses lèvres sensuelles le charme d'un sourire pâle.

  • Excuse-moi, je réfléchissais... Est-ce que ton père sait que tu es ici ? Est-ce qu'il risque de venir te chercher ? Est-ce que tu le sais ?

  • Je suppose qu'il n'est pas assez tard pour qu'il se soucie de moi... À l'heure qu'il est, il doit être à jouer à la belote au bistrot des Cassines...

  • Bon !... Y a-t-il un endroit chez toi où nous puissions travailler sans être trop dérangés ?

Un éclair de panique illumina les grands yeux d'Amélie. Elle resta bouche bée pendant quelques secondes.

  • Oh, non, Monsieur Sébastien, vous n'allez pas tout raconter à mes parents, je vous en supplie...

Le v i o l ent désespoir qui imprégnait cette supplique était pour Sébastien une nouvelle preuve de l'ascendant qu'il pouvait exercer sur la jeune écolière : elle accepterait pratiquement n'importe quoi pour éviter la colère de son père ! Et dans deux ou trois jours, une semaine tout au plus, lorsqu'il aurait mis en place chaque détail de son plan, elle serait toute à sa merci...

  • Non, ne crains rien, je ne te trahirai pas, dit-il pour la rassurer. Au contraire, j'ai l'idée de préparer lentement le terrain afin qu'ils ne se méfient pas...

Il était parfaitement sincère, et il allait même endormir la méfiance des parents plus qu'Amélie ne pouvait l'entrevoir.

  • Eh bien, on peut toujours s'installer dans la pièce du fond... Grand-père y est souvent, mais d'habitude, il dort dans son fauteuil, et puis, de toute façon, il est sourd...

Vingt minutes plus tard, Sébastien se trouvait chez Amélie, dans cette fameuse pièce du fond, attablé à deux mètres du jovial grand-père qui marmonnait parfois, se parlant à lui-même.

La mère avait été flattée que Monsieur l'Instituteur amenât sa fille en auto, à cause de la pluie. Se promener dans les champs par un temps pareil ! Heureusement que Monsieur Sébastien était passé par là pour la ramasser, cette fainéante !

Cela n'avait pas été dit sans malice. La mère d'Amélie, sans en être sûre, pensait que sa fille avait très bien pu aller chercher refuge auprès de son maître d'école, et elle guettait la réaction de Sébastien. Mais à malin, malin et demi, celui-ci fit éloigner la gamine dans une autre pièce, afin de demander à sa mère s'il n'y avait rien de grave.

  • Elle pleurait lorsque je l'ai trouvée, déclara-t-il sur le ton de la confidence. Et déjà, depuis quelques jours, elle me semblait soucieuse... Je l'ai bien vu, au cours du soir...

  • Bah, vous en faites don'pas, Monsieur Sébastien, répondit la mère d'un ton goguenard, mise en confiance par l'apparente anxiété de l'instituteur. Vous savez bien ce que c'est, à c't'âge-là... Elle s'est entichée d'un jeunot, c't été... Un étranger, un anglais, qu'c'est... P'i, le père Guerchamp, ça lui plaît pas trop, rapport qu'elle est jeunette... L'oublie seulement qu'il m'a mariée, j'avais tout juste qué'ques mois de plus qu'elle... Sans compter qu'il est b'en mignon, c'gamin...

Le ton ému de la campagnarde montrait de quel côté penchaient ses sentiments, mais il était probable qu'elle n'osait pas s'opposer franchement à son mari, du moins tant que la situation ne lui apparaissait pas dramatique. Sébastien comprenait qu'il pourrait s'en faire une alliée, en agissant convenablement.

  • Mais au jour d'aujourd'hui, r'en n'est plus pareil. Les jeunes, y s'marient pour divorcer aussi sec... J'aimerais pas qu'mon Amélie, è' tombe su' un galvaudeux... P'is. vous la voyez, en Angleterre, ousqu'y causent même pas français... Même lui, y cause pas français ! Alors, vous vous l'imaginez perdue là-bas, qui cause même pas la langue de son mari...

Sébastien était en train de découvrir avec stupéfaction que la mère d'Amélie avait déjà prévu très loin où cette amourette de vacances risquait de conduire sa fille.

  • Sans compter qu'on la verrait p'us, p'is qu'on verrait pas nos petits-e n f a n t s...

  • Oh, vous savez, on voyage beaucoup et rapidement maintenant... assura Sébastien. Et puis Amélie n'est pas bête ; je suis certain qu'elle apprendrait rapidement l'anglais... Tenez, je suis sûr qu'en quelques leçons, comme ça, simplement après la classe, je pourrais lui en apprendre assez pour qu'elle puisse déjà se débrouiller...

  • Vous feriez ça ?

La mère d'Amélie regarda sournoisement l'instituteur. En préparant ainsi des révélations prochaines, Sébastien devait rester prudent. Il fit donc une moue pour signifier qu'au besoin, il donnerait des cours d'anglais à Amélie, mais qu'il supposait que cela n'avait rien d'urgent, après tout...

  • Ah, oui, hein ? Les voyages... reprit la paysanne. Vous connaissez b'en ça, hein, vous, les jeunes... Tenez, même vous, Monsieur Sébastien, j'suis b'en sûr qu'vous nous cachez une promise, en ville, hein ?... Oui, oh, pas la peine de nier, va ! je l'répéterai point...

Devant la malice de son interlocutrice et son coup d'œil aigu, Sébastien n'eut d'autre solution que de faire un sourire qui se voulait un aveu. Oui, en ville, enfin dans une autre ville, il y avait Sylvie, mais aucune promesse ne le liait plus à cette mijaurée... Pourtant, il valait mieux faire croire à l'existence d'une fiancée lointaine plutôt que de laisser soupçonner ce qu'il avait l'intention de faire subir a Amélie.

  • Y faudra nous l'amener, un de ces jours, n'est-ce pas, Monsieur Sébastien ?... Vous n'allez pas nous la cacher éternellement, comme ça... Vous resterez b'en a dîner, n'est-ce pas ?

En dépit de sa formulation, cette politesse n'attendait aucune réponse. Tout choix était exclu. Après un refus de pure convenance, Sébastien insista sur la nécessité d'expliquer à Amélie un point de grammaire particulièrement délicat et à propos duquel elle avait fait quelques énormes fautes dans son dernier devoir. C'est ainsi qu'il se retrouva dans la pièce du fond, auprès du grand-père.

Amélie était un peu inquiète de la conversation qu'il venait d'avoir avec sa mère, mais il lui fit un signe discret pour montrer que tout allait bien. En guise d'exercice, il lui fit rédiger, en français, bien sûr, une lettre à l'intention de Peter et de ses parents, les mettant au courant des derniers développements de la situation, lettre qu'il se proposait de traduire le soir même afin de la poster dès le lendemain.

Ils étaient placés très près l'un de l'autre. En particulier, sous la table trop étroite, leurs genoux se heurtaient souvent, lorsque leurs cuisses ne se touchaient pas. Cette disposition fit bander Sébastien à la limite du supportable, mais comme il n'avait qu'à reprendre son élève lorsqu'elle se trompait, il réussit à cacher son trouble.

Amélie, par contre, si elle semblait au moins aussi émue que lui, éprouva plus de difficultés pour dissimuler l'excitation que provoquait en elle le fait de se trouver chez elle, tout près de son instituteur avec lequel elle partageait un secret si lourd que toute sa vie allait en dépendre, tout près de ce jeune homme viril qui l'avait si vigoureusement fessée quelques jours auparavant, si près de ce grand-père qui ne se doutait de rien.

Elle rougissait parfois, ou se taisait soudain ; elle frétillait particulièrement lorsqu'elle écrivait des douceurs qu'elle n'osait pas prononcer à voix haute, mots doux destinés à son lointain amoureux mais dont " Monsieur Sébastien " était le tout premier lecteur.

À plusieurs reprises, par souci de vraisemblance, et également pour tâcher d'oublier la souffrance occasionnée par son érection, l'instituteur la reprenait et lui expliquait en détail quelques subtilités linguistiques. Bouche ouverte, les yeux ronds, Amélie ne l'écoutait pas ; si bien qu'au moment de continuer sa rédaction, la gamine commettait une faute plus grave que la légère incorrection dont Sébastien s'était servi pour l'interrompre.

Cela arriva une fois, puis une autre. La troisième fois, il le lui fit remarquer avec un soupçon d'agacement dans la voix. Or la maman venait tout juste d'annoncer le retour du père et l'imminence du dîner. Amélie devient écarlate d'être réprimandée en présence de sa mère.

  • J'espère qu'elle travaille bien, hein, Monsieur Sébastien... Parce que, si è' vous écoute pas. c'est point la peine de perdre vot' temps avec une fainéante... Hein, t'entends, toi ? Tu peux remercier M'sieur Sébastien...

  • Merci, Monsieur Sébastien... dit immédiatement la gamine d'une petite voix timide.....

  • Mais ce n'est rien, assura l'instituteur. Si elle ne travaillait pas, je ne m'intéresserais pas à son travail, soyez-en sûre, Madame Guerchamp... Cela n'empêche pas que je doive insister parfois, quand c'est difficile. C'est tout à fait normal, vous savez...

La mère disparut. Le dîner allait être prêt dans cinq minutes. Afin de se dépêcher de finir sa lettre, Amélie serra un peu plus fortement sa cuisse contre le genou de Sébastien, sous la table, puis elle lui lança un regard timide et pourtant malicieux.

  • C'est vrai... ce n'est pas en faisant des bêtises que je peux vous montrer ma reconnaissance... Je mériterais une bonne fessée ! J'apporterai le martinet demain, si vous voulez..

Sébastien avala péniblement sa salive et jeta un coup d'œil alarmé en direction du grand-père.

  • Oh, lui, ne vous en faites pas : il n'entend rien, déclara Amélie à voix haute

Et comme l'instituteur ne semblait pas parfaitement convaincu de la surdité du vieillard, elle renchérit, parlant un peu plus fort :

  • Je peux dire tout haut que vous allez me fesser cul nu avec le martinet, il ne comprendra pas... Hein, grand-père ?

Le vieil homme hocha la tête sans répondre et Amélie se retourna vers la table d'un air très satisfait. Les sourcils froncés de Sébastien la firent rougir comme une pivoine. En effet, celui-ci se trouvait en proie à une v i o l ente contradiction. Excitée par l'audace perverse d'Amélie, sa queue durcie comme de l'acier lui faisait mal à f o r c e d'être tendue et menaçait sérieusement les boutons de sa braguette. Mais en même temps, il se sentait pétrifié par les risques que ces provocations lui faisaient encourir. À supposer que le grand-père fût aussi sourd qu'il le faisait croire, le père ou la mère Guerchamp aurait très bien pu entendre le cri de leur fille d'une pièce voisine.

Amélie comprit aussitôt la légèreté insolente de son attitude, et elle comprit aussi, apparemment, le dilemme de Sébastien car elle glissa sa main sous la table et, avant qu'il eût ouvert la bouche, elle le branla avec douceur à travers son pantalon.

  • Je vous demande pardon, dit-elle d'une voix humble. Sébastien poussa un profond soupir.

Avant qu'il ait pu faire ou dire quoi que ce soit, la main habile de son élève lui avait ouvert la braguette et, passée sous son slip, lui dégageait la verge.

  • Ma petite Amélie, au point où nous en sommes, je préfère supposer que ton grand-père est sourd, et même presque aveugle, mais je voudrais te demander ce que tu comptes faire pour réparer le gâchis qui va se commettre sous la table...

  • Oh ! Ne vous inquiétez pas.

Pendant que sa main s'agitait toujours, elle sortit de la poche de son tablier un petit mouchoir brodé aux quatre coins. Sébastien était stupéfait de l'agilité du poignet d'Amélie. Même s'il jouissait encore d'une bonne vue, le grand-père aurait eu du mal à s'apercevoir de ce qui se passait. Car, tandis que la main fraîche branlait vigoureusement la verge brûlante, le haut du corps de la gamine demeurait parfaitement immobile et décontracté. Il lui en fit la remarque.

  • Oh, ce n'est rien... J'ai l'habitude de traire les vaches.

Amélie avait répondu cela avec naturel, sans moquerie. Décidément, Sébastien s'adaptait difficilement à l'esprit campagnard...

  • Vite ! Maintenant ! ' -

Cette manœuvre fut sans doute moins discrète que les précédentes, mais Amélie agit avec une rapidité efficace. Pas une goutte ne tomba à côté et elle remit son mouchoir dans la poche de son tablier. Elle réussit même à replacer convenablement la pine et les couilles de Sébastien.

  • Je ne peux pas... les boutons... se mit-elle soudain à balbutier. Sortant de son rêve émerveillé, Sébastien acheva de se braguetter. Le grand-père semblait toujours aussi imperturbable.

  • Je veux que tu comprennes, Amélie, que j'ai beaucoup apprécié ce que tu viens de faire... Mais cela n'empêche pas que ton inattention, puis ta conduite insolente à l'égard de ton grand-père vont te valoir une sévère correction demain soir. Comme tu l'as si bien dit, tu es pardonnée, mais ta punition reste due !

  • Oui, Monsieur Sébastien... Merci, Monsieur Sébastien... J'ai honte, vous savez...

La rougeur de ses joues ne constituait qu'une faible preuve de sa honte, car ses yeux brillaient intensément.

Elle venait juste de prononcer cet aveu admirable lorsque son père entra dans la pièce. Il parla quelques instants avec Sébastien, puis on passa à table. À un moment, à propos de cette idée de donner des leçons particulières à la fille de la maison, l'instituteur fit cette remarque :

  • Cela fait partie de mon travail, vous savez... Votre fille, ainsi que Madeleine Bocard, mériteraient vraiment de poursuivre leurs études, et c'est pour ça que j'ai décidé de les aider, toutes les deux...

Le père le foudroya du regard. Depuis au moins vingt ans, il ne parlait plus aux Bocard à cause d'une parcelle de terrain que le père de Madeleine aurait réussi à se faire attribuer par le cadastre, alors que la famille Guerchamp en revendiquait la possession. En agissant de la sorte, Sébastien poursuivait un plan bien précis : faire comprendre que son intérêt pour Amélie était réel, mais d'ordre professionnel, et sans parti pris apparent. Sa réflexion, toutefois, lui attira également une colère imprévue, encore que discrète : Amélie devint écarlate et, baissant le nez dans son assiette, le regarda par en-dessous avec un air plein de rancune.

Plus tard, au moment où l'instituteur fut prêt à partir, dans la cour, elle trouva le moyen de se trouver seule avec lui, ou du moins hors de portée des oreilles parentales.

  • C'est vrai, demanda-t-elle, ce que vous avez dit tout à l'heure, à table, que vous allez donner des leçons à Madeleine aussi, après la classe ?

  • Oui. Serais-tu jalouse ? Elle répondit par une moue de bouderie.

  • Je peux bien aider Madeleine à se perfectionner en calcul et en orthographe, lui confia-t-il en riant. Elle me posera toujours moins de problèmes que toi, en espérant qu'elle ne soit pas enceinte d'un Scandinave...

Une nouvelle fois, Amélie s'empourpra, mais il était clair que ce trouble contenait beaucoup de coquetterie.

  • Est-ce que les maris anglais sont jaloux ? ajouta-t-elle avec une brusque inquiétude.

  • Autant que les maris français, je suppose... Seulement, ils savent punir leurs femmes comme il convient, si jamais elles se montrent infidèles, ou même trop jalouses à leur égard... -

  • Vous avez raison, Monsieur Sébastien, déclara-t-elle en avalant fortement sa salive, la voix empreinte d'une gravité charmante qui se voulait déjà adulte et responsable. Il faudra me châtier aussi pour ma jalousie, dans ce cas..

  • Je n'y manquerai pas ! affirma Sébastien. '

Puis il salua les parents et monta dans sa voiture. Amélie le regarda partir et lui fit un signe de la main : elle agitait le petit mouchoir aux quatre coins brodés. Le lendemain, durant toute la matinée, Amélie conserva son cartable tout contre elle. Au moment où il entrait dans sa cuisine pour déjeuner, Sébastien découvrit, posé en évidence sur la table, un paquet assez long, soigneusement emballé dans du papier journal.

Comme il s'en doutait, il s'agissait du martinet d'Amélie, un engin vénérable au manche de bois un peu encrassé, aux lanières épaisses, rendues luisantes par l'usage. Pendant la classe de l'après-midi, il put se rendre compte que sa jeune protégée était excessivement distraite. Par moments, elle semblait égarée dans de lointaines rêveries. Parfois, elle le regardait avec une langueur sensuelle, lourde d'invitations encore informulées.

Selon toute évidence, Amélie aurait bien voulu savoir s'il avait trouvé le curieux cadeau qu'elle lui avait apporté, et s'il en était satisfait. Mais il la laissa dans l'incertitude tout l'après-midi. À la fin de la classe, il pria Madeleine Bocard de l'attendre un moment et emmena Amélie chez lui.

  • Je vais m'absenter pendant une demi-heure, ou un peu plus, lui déclara-t-il. Comme je ne veux pas que tu perdes de temps et comme, d'autre part, je t'ai promis un châtiment exemplaire pour commencer ta leçon, tu vas m'apprendre cette page de vocabulaire... Mais approche, d'abord. Il avait reposé le livre ouvert sur la table, auprès du martinet grossièrement replacé dans son emballage.

Amélie, maintenant, semblait bien moins fière que la veille, lorsqu'elle avait reconnu elle-même que sa mauvaise conduite méritait d'être sévèrement punie. Elle dansait d'un pied sur l'autre, puis, quand il le lui demanda, s'avança vers lui à petits pas timides.

  • Tourne-toi !

La gamine obéit, apeurée. Alors, non sans quelqu'emphase, Sébastien releva la jupe d'Amélie, puis entreprit de la rouler partiellement autour de la ceinture du tablier, afin qu'elle ne retombât pas et dévoilât ainsi toute la longueur des cuisses charnues, et l'ampleur potelée du croupion.

  • Avance !... Va dans le bureau !

L'appartement de Sébastien, attenant à la salle de classe, était des plus modestes. Comme dans la plupart de ces constructions, la cuisine demeurait la pièce principale, la plus vaste et la mieux éclairée. Le bureau, ainsi que l'appelait Sébastien, était tout ce qui restait d'une salle à manger déjà exiguë à l'origine, après qu'elle eût été rétrécie pour installer une petite salle d'eau.

Après avoir formellement interdit à la mère Gabion d'y pénétrer, Sébastien y avait entassé ses livres, dans un désordre rarement atteint. N'osant protester ni se retourner, Amélie marcha doucement dans la direction indiquée. Elle pouvait presque sentir physiquement le poids du regard magistral sur son dos et, plus précisément, sur ses cuisses nues et son postérieur.

-Mets-toi à genoux, ici

Il lui désigna une table basse devant laquelle la jeune écolière dut s'agenouiller. Puis il effectua un tour complet autour d'Amélie avant de s'arrêter juste derrière elle.

  • C'est bien, reconnut-il en admirant son œuvre. Et maintenant, tu vas descendre ta culotte sur tes jambes...

Les hésitations de la gamine, ses trémoussements, la lenteur qu'elle mit à exécuter cet ordre humiliant furent un véritable délice pour l'instituteur. Il n'avait encore jamais eu l'occasion d'admirer les parties arrières de son élève dans leur majestueuse nudité. Il avait vu une fesse, l'autre jour, lorsqu'il l'avait fessée, mais une fesse toute seule, n'est-ce pas que le prolongement de la cuisse ?

Il avait aussi déjà glissé ses doigts à l'intérieur de la culotte, pour retenir celle-ci, et jusque dans la raie. Pourtant, s'il avait pu apprécier la douceur satinée de la peau, il s'était alors interdit de la parcourir, d'en évaluer les contours et la profondeur. Pendant deux minutes, à l'instant, il avait contemplé à loisir cette mappemonde gonflée et insolente qui déformait harmonieusement les côtes de la culotte de coton...

Aucun de ces plaisirs, aussi troublants et intenses qu'ils eussent pu être, ne pouvait être comparé à cette ultime dévoilement du postérieur grassouillet. Par exemple, Sébastien ne se serait jamais douté que la vallée intime qui séparait de haut en bas les hémisphères rosés, allait se révéler si moelleusement évasée et profonde, ni si mystérieuse puisque, malgré la cambrure nerveuse des reins d'Amélie, il ne réussissait même pas à deviner le lit de la rivière, sa teinte plus foncée, son secret tourbillon.

Il resta ainsi plusieurs minutes, silencieux, ébloui par tant de merveilles. Amélie restait immobile, les bras le long du corps, les joues en feu et sa tête brune légèrement baissée.

Sébastien dut faire un effort pour revenir à la réalité. Il alla tout d'abord rechercher le manuel d'anglais, laissé dans la cuisine. En revenant, il ne put s'empêcher de s'arrêter, béat, durant une seconde, sur le seuil du bureau, devant le spectacle de la jeune fille à genoux.

  • Bon ! s'écria-t-il enfin en posant le livre sur la table basse. Tu vas apprendre cette page pendant mon absence... Ta position et ta tenue te rappelleront ce qui t'attend à mon retour... Bien évidemment, je ne fermerai pas la porte à clef : personne ne risque de venir ici et, d'autre part, si tu voulais t'enfuir, tu pourrais toujours partir par la fenêtre. Mais je compte sur ta loyauté pour rester, et sans rien modifier à ton installation...

Le menton sur la poitrine, Amélie, écarlate, n'osait lever les yeux.

  • Regarde-moi et répond, exigea Sébastien. Je veux t'entendre dire que tu seras docile...

Comme si ce mouvement lui demandait une énergie surhumaine, la gamine releva très lentement la tête, puis les yeux, ce qui entraîna sur ses joues rebondies un surcroît de rougeur.

  • Je vous attendrai sans bouger, Monsieur Sébastien, je vous le promets...

En guise d'encouragement, le maître d'école se pencha sur elle et lui baisa le front avant de disparaître. Sébastien rejoignit Madeleine Bocard et la ramena en voiture chez ses parents. Au long du chemin, il lui expliqua son intention de lui donner des leçons particulières.

Madeleine portait court ses cheveux châtains. Elle était un peu maigrichonne, surtout lorsqu'on la comparait avec Amélie. Elle semblait également plus délurée que la fille des Guerchamp.

C'est ainsi qu'en montant dans la voiture, elle s'arrangea pour retrousser largement sa robe sur ses cuisses soyeuses, et, une fois assise, elle ne se pressa pas de la rabaisser. De même, en chemin, elle fit tout son possible pour que son genou se trouvât tout près du levier de changement de vitesses, particulièrement aux approches des virages.

Déjà fort excité par le spectacle qu'il avait exigé d'Amélie, et encore plus troublé à l'idée du châtiment qu'il allait lui infliger à son retour, et des voluptueuses circonstances qui ne manqueraient pas d'accompagner cette cérémonie, Sébastien eut beaucoup de mal à se contenir devant les provocations délibérées de Madeleine.

Deux ou trois fois, durant un bref instant, il se fit même la réflexion qu'il était bien stupide de ne pas profiter de la situation : il n'avait qu'un seul mot à dire et cette vicieuse s'étendrait sur le dos, jambes écartées, devant lui, n'importe où... Parce que, dans cette campagne désertée, il était le notable, " Môssieu l'Instituteur ", celui qui corrigeait le courrier de Gaston, le maire de Saint-Bayafe... Mais aussitôt que cette perspective lui traversait l'esprit, il l'excluait immédiatement, avec colère.

La seule raison de cette colère était que Madeleine Bocard lui rappelait Sylvie... Les grandes vacances dernières, il y avait moins de six semaines... Ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre. Elle avait reconnu que sa conduite avait été ignoble, lorsqu'elle s'était enfuie avec ce type, juste avant la date prévue pour leur mariage. Elle avait paru si sincère, et il était encore tellement amoureux d'elle, malgré sa rancœur, qu'il lui avait pardonnée aussitôt.

Pendant quatre jours, ils ne s'étaient consacrés qu'à eux-mêmes, à leurs plaisirs. Pendant quatre jours, ils avaient fait l'amour, ne s'interrompant que pour de romantiques promenades au crépuscule ou à l'aurore, et pour dormir aussi, parfois. C'était peut-être la lassitude qui les avait saisis le cinquième jour. Sylvie avait suggéré une promenade de quelques jours à campagne.

  • Mais tu détestes la campagne...

  • Avec toi, mon chéri, j'irai au bout du monde !

Ils étaient descendus à l'Hôtel des Voyageurs : confort moderne, eau à tous les étages. À l'Auberge du Gué, l'inscription peinte " On peut apporter son manger " avait été partiellement recouverte par une plaque d'émail : " Guiness is good for you".

Ils y avaient rencontré un artiste — peintre ou sculpteur, Sébastien ne se rappelait plus — qui s'était extasié devant la beauté de Sylvie et lui.. avait aussitôt demandé de servir de modèle pour une série d'esquisses destinées à l'exposition qu'il donnerait à New-York l'an prochain.

Elle n'avait même pas terminé sa truite meunière. Sébastien l'avait regardée partir sans dire un mot. Il avait fini son repas et la truite de Sylvie, puis avait quitté le village le soir-même. Elle était revenue chez lui dix jours plus tard pour lui faire une scène. Tu aurais pu me prévenir ! J'ai été obligée d'emprunter de l'argent à Alex, et il me l'a fait payer cher, ce salaud !

  • Ce qui veut dire ?

Ce qui veut dire qu'il a exigé de moi des choses ignobles. Tu veux que je te les raconte ? C'est croustillant, tu sais ! Tu es aussi salaud que lui. Ça pourrait te plaire...

II n'avait pas voulu savoir.

  • Il te l'a demandé et tu l'as fait et tu as eu l'argent pour revenir. Si tu ne m'avais pas quitté, tu n'aurais pas eu ce problème. Ou bien, en dernier recours, tu aurais pu chercher à me joindre : j'aurais peut-être été assez stupide pour retourner te chercher ! Seulement, il aurait fallu que tu reconnaisses tes torts, alors tu as préféré te conduire comme une putain...

Elle avait essayé de le gifler, mais il avait été plus rapide : il lui avait asséné deux claques v i o l entes avant qu'elle ne s'écroulât sur le sol.

  • Excuse-moi, mon chéri. Je te promets que je ne recommencerai plus, je ferai ce que tu voudras...

La garce ! Une vraie chienne ! Toujours prête à se vendre au plus offrant, ou au plus fort, toujours prête à abdiquer !

Sébastien s'était montré inflexible, et elle était partie en pleurant. Il s'attendait à quelque ultime malédiction. " Tu ne me reverras jamais ! " ou bien au chantage : " Tu auras ma m o r t sur la conscience... " Mais non, elle était partie humblement, sans chercher aucun subterfuge.

  • J'ai peut-être des torts, mais ne m'en veux pas. Je t'aime, c'est vrai, je t'aimerai toujours, même si j'ai parfois des faiblesses... Tu m'en veux aujourd'hui, mais réfléchis et appelle-moi lorsque tu seras prêt. Tu verras, je viendrai aussitôt, je saurai te prouver ma bonne foi, j'accourrai...

Elle avait des " faiblesses ", elle " accourrait " ! Ces deux expressions étaient restées gravées dans l'esprit de Sébastien : elle accourrait comme une chienne, si elle n'avait pas de faiblesses pour quelqu'un d'autre dans l'intervalle !

Du moins était-ce ce qu'il avait pensé jusqu'à cet instant, et il l'avait pensé encore devant les tentatives de séduction de Madeleine Bocard. Mais au fur et à mesure qu'il se remémorait la dernière rencontre avec son infidèle fiancée, il se rendait compte que son point de vue s'était modifié.

Amélie lui avait rendu le goût de la gent féminine. Bien sûr, la petite paysanne faisait preuve d'une modestie naturelle alors que Sylvie était vaniteuse et calculatrice... Sébastien n'avait pas cru à ses derniers mots, jusqu'à cet instant. Et pourtant : si elle était sincère ? C'était facile à vérifier : il n'avait qu'à lui écrire. Si elle n'accourait pas, il l'oublierait, et si elle accourait, eh bien, il saurait aviser...,

" Les maris anglais sont aussi jaloux que les maris français, mais ils savent punir leurs femmes comme il convient, si jamais elles se montrent infidèles... "

Sébastien l'avait dit hier soir à Amélie Guerchamp !

En arrivant chez les Bocard, il se sentait soulagé par cette décision qu'il venait de prendre parce que Madeleine avait retroussé complaisamment sa robe de coton sur ses cuisses rondes et nues... Tout comme les Guerchamp, leurs ennemis intimes, les Bocard se montrèrent extrêmement flattés de l'attention de Sébastien à l'égard de leur progéniture.

  • Monsieur l'instituteur pense que nous ne sommes que deux à mériter cela...

Et, après avoir ainsi mis en éveil la curiosité de ses parents, Madeleine se tut pour mieux préparer sa surprise. Il fallut que sa mère la félicitât et lui demandât, avec une feinte insouciance, qui était l'autre heureux élu pour qu'elle daignât répondre.

  • Non... ce n'est pas un garçon... C'est Amélie Guerchamp... Tu sais bien, cette grosse brune qui est toujours si mal habillée, à la messe...

Un vent glacial traversa la pièce. D'un point de vue purement stratégique, Sébastien n'aurait pu mieux agir : s'il devait être un jour soupçonné d'avoir commis des horreurs, quelles qu'elles puissent être, avec l'une des deux écolières, à condition qu'aucune preuve formelle ne puisse être fournie, les parents concernés ne croiraient pas que cela ait pu avoir eu lieu avec leur fille à eux, car seule la fille des autres serait capable de se laisser faire...

Quant aux autres paysans de la région, que cette querelle agaçait fortement, il était presque certain qu'ils prendraient sa défense contre les familles rivales. Le seul risque eût été que les parents de Madeleine jugeassent leur fille trop intelligente pour avoir besoin de leçons, mais il n'en fut rien : ils acceptèrent l'offre avec bonheur et reconnaissance. Le prestige de Monsieur Sébastien demeurait intact.

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