Catégories : Cuckold candaulistes cocu
il y a 2 ans
Je me suis empressé, aussitôt rentré, de donner rendez-vous à Séverine, la femme de Benjamin.
- Vous allez avoir la surprise, un de ces quatre matins, de me voir arriver en compagnie de votre mari.
- Ah, parce que c’est vous ! Il m’a effectivement parlé d’un pote avec qui il faisait plein d’activités. Qu’il tenait absolument à me présenter. Et c’est vous ! Il manque vraiment pas d’air.
- C’est moi, oui !
- Eh ben, si je m’attendais à ça ! Quoique… plus ça va et plus je me dis que rien ne l’arrête, qu’il n’a aucun respect de quoi que ce soit. La preuve ! Non, mais faut quand même être particulièrement retors, avouez, pour aller copiner comme ça avec le mari de sa maîtresse.
- Il doit avoir une petite idée derrière la tête.
- Le connaissant, ça fait pas l’ombre d’un doute. Toute la question est de savoir laquelle. Une chose est sûre, en tout cas, c’est qu’il doit allègrement se délecter, quand il est avec vous, de l’idée qu’il se tape votre femme derrière votre dos. C’est comme, franchement, me faire vous rencontrer, c’est un peu, d’une certaine façon, m’exhiber sa maîtresse sous le nez à mon insu, non ? Vous trouvez pas ? Ah, il doit bien rigoler en son for intérieur de nous manœuvrer tous les deux comme il nous manœuvre.
- Sauf qu’on n’est pas dupes. Alors qui c’est qui tire les ficelles, en réalité, au bout du compte ?
- Lui quand même. Parce qu’il arrive à ses fins. Et qu’il nous fait cocus. L’un comme l’autre.
- Oui, alors, si je vous comprends bien, vous voudriez qu’on siffle la fin de la récréation ?
- Je sais pas. J’en sais rien. Ce qu’il y a, par contre, c’est qu’avec le recul, je me demande si on n’a pas eu tort finalement. Si on n’aurait pas dû mettre les pieds dans le plat dès le début. Empêcher tout ça de prendre de l’ampleur.
- On les aurait braqués. Et sans doute définitivement perdus.
- On les a perdus de toute façon. Parce que je sais pas vous, mais moi, je suis devenue complètement transparente à ses yeux. Alors il y a des moments, il me vient une de ces furieuses envies de ruer dans les brancards. De déclencher quelque chose. N’importe quoi. Pour qu’il me voie. Pour que j’existe. Et puis, il y en a d’autres où je m’en fiche complètement. Où je me dis que c’est mort. Que je n’ai plus vraiment de sentiments pour lui. Que rien, quoi que je fasse, ne pourra plus jamais être comme avant. Que le mieux que j’aie à faire, c’est d’organiser ma petite vie à côté de la sienne. Sans lui. Que je sorte. Que je m’éclate. Et que, moi aussi, je me prenne un amant plutôt que de rester terrée dans mon coin.
2-
Alyssia s’est esclaffée…
- Si c’est pas un appel du pied, ça ! Et alors, tu vas faire quoi ? Tu vas donner suite ?
- Je crois pas, non.
- Pourquoi ? Elle te plaît pas ?
- C’est pas qu’elle me plaît pas, c’est que la situation est déjà assez compliquée comme ça, non, tu trouves pas ?
Elle m’a ébouriffé les cheveux.
- Ah, tu changeras pas, toi, hein ! Tu trouveras toujours un prétexte pour te défiler devant une nana qui te fait des avances. Bon, mais on va pas revenir là-dessus. Je t’ai déjà dit cent mille fois ce que j’en pensais. En attendant, si je comprends bien, elle a pas l’intention de mettre les pieds dans le plat.
- Pas pour le moment en tout cas.
- Ben oui, elle est pas idiote. Elle le sait bien, va, tout au fond d’elle-même qu’elle a pas intérêt à lui poser un ultimatum. Et que s’il était vraiment obligé de choisir entre elle et moi… Bon, mais tu crois que tu vas t’en sortir ?
- Comment ça ?
- Entre lui qu’est pas au courant que tu complotes avec sa femme derrière son dos et elle qui sait pas que tu cautionnes allègrement ma relation avec son mari, ça va pas forcément être simple. Tu risques de te faire à tout moment des nœuds. D’autant qu’il y a aussi moi. Qui suis censée pas savoir, du moins pour le moment, que tu vas aller jouer les pompiers de service auprès d’elle.
- Je naviguerai à vue.
- Au risque de te planter…
- Mais le moyen de faire autrement ?
3-
Benjamin a voulu qu’on se voie. Tous les deux. Rien que nous deux.
- Qu’on se concerte… Qu’on s’invente des souvenirs en commun… Qu’on se fabrique des anecdotes… Parce que je la connais, Séverine. Elle aura tôt fait de flairer qu’il y a anguille sous roche sinon.
On travaillait à vingt minutes l’un de l’autre. On s’est déniché un petit restaurant à mi-chemin où on s’est retrouvés le lendemain, sur le coup de midi. Bon, mais alors elle était comment sa femme finalement ? Il m’a sorti une photo. Qui datait d’au moins dix ans. On l’y voyait souriante, assise sur un rocher, la robe relevée haut sur les cuisses.
- Pas mal…
- Oh, pour ça, oui ! C’est pas moi qui te dirai le contraire. Seulement…
- Seulement ?
Il a levé les yeux au ciel.
- Elle est comme l’immense majorité des femmes. Coincée du cul. Et le pire, c’est qu’elle est convaincue du contraire. Sous prétexte qu’elle condescend à me tailler une pipe, du bout des lèvres, tous les tournants de lune ou qu’elle se laisse mettre un doigt dans le cul, de temps à autre, quand on baise, elle s’imagine être sexuellement libérée. Au top du top dans ce domaine. Le reste ? Ce sont, à ses yeux, pratiques de pervers dont elle ne veut pas entendre parler. Dans ces conditions, comment veux-tu que j’aille pas voir ailleurs ? N’importe qui, à ma place… Ce qui ne l’empêche pas d’avoir plein de qualités. Et puis on s’entend plutôt bien. On a, dans quantité de domaines, une même façon de voir les choses. Sans compter tout ce qu’on a vécu ensemble. De bon ou de moins bon. Tout ça nous a, au fil du temps, sanglés l’un à l’autre. Tant et si bien que je ne pourrais pas vivre sans elle. Ce n’est seulement pas envisageable. Mais, d’un autre côté, sexuellement, faut que je m’éclate. C’est impératif. Et, à cet égard, ta petite femme est un don du ciel. Une véritable bénédiction. Le cul, elle adore. Elle en veut. Elle en redemande. Et pas n’importe quoi ! De l’élaboré. Du qui sort de l’ordinaire. Elle est ouverte à tout. Ah, ça, avec elle, je suis sûr de pas m’ennuyer. Les idées que moi j’ai pas, c’est elle qui va les avoir. C’est pour ça, j’ai du mal à te comprendre, j’avoue ! Réussir à te faire claquer la porte au nez par une femme aussi demandeuse et, qui plus est, ta propre femme, faut quand même le faire. T’as dû y mettre sacrément du tien, non ? Il s’est passé quoi au juste ?
- Rien. Absolument rien. Ce qu’elle me reproche en fait, c’est de pas avoir su la faire être ce qu’elle ne savait pas qu’elle était.
- Oui. Oui. Mais il y a sûrement pas que ça.
Il m’a fait faire la connaissance – si on peut dire – de Séverine le soir même.
- Vite fait, pour la première fois. Que ça fasse pas trop insistant. On boit un coup et puis tu te casses.
Il nous a présentés.
- Alex… Le copain dont je t’ai parlé. On se connaît depuis… Hou là là… Des éternités. On s’était complètement perdus de vue. Et puis on s’est retrouvés. Par hasard. Et là, maintenant, on se quitte plus. Ah, non alors ! Des tas de trucs on va faire ensemble.
- Enchantée.
- Moi aussi.
On a parfaitement joué le jeu, elle et moi. On a été, tout du long, de parfaits inconnus l’un pour l’autre.
4-
Alyssia voulait retourner au Petit Castel. Avec Benjamin. La même chambre.
- Parce que c’est là que tout a commencé, nous deux. Alors j’ai plein de souvenirs là-bas. J’adore ça repasser dessus. Non, et puis ce qu’il y a aussi : à la maison, c’est pas mal, oui, bien sûr. Je vais pas dire le contraire, mais ça vaut quand même pas quand t’as plein de monde autour. Que tu les regardes pendant que tu dînes les gens et que tu te dis qu’il y en a, dans le tas, qui vont être dans les chambres voisines, qui vont t’entendre baiser, que ça va les exciter que le diable. Et tu sais ce qu’il faudrait ? Qui serait mille fois mieux ? C’est savoir qui. Qui il y a à droite, qui il y a à gauche, qui il y a au-dessus. On y ferait tout spécialement attention à ceux-là. On les bichonnerait du regard pendant qu’ils mangent. Et comme ça, après, une fois qu’on serait en haut… Mais j’y pense ! C’est faisable. Tu pourrais partir en éclaireur, toi ! Tu finis tôt. Tu surveillerais les arrivées, les allées et venues, tout ça… Et tu nous dirais.
À quatre heures, j’étais là-bas. J’ai commencé par m’offrir une petite ronde dans les étages. À tout hasard. Bien m’en a pris. Au troisième, une porte, sur laquelle était inscrit « PRIVÉ », en grosses lettres rouges sur fond blanc, était entrebâillée. Ça parlait à l’intérieur. Des voix de femmes. Jeunes. Deux. Dont celle de la serveuse, la fille des patrons.
- Il est là, j’te dis ! Je viens de voir sa voiture…
- Qui ça ?
- Mais le cocu, tiens ! Le cocu de la 122.
- Tout seul ? Il y a pas les deux autres ?
- Sûrement qu’ils vont pas tarder.
Elles se sont chuchoté quelque chose.
- Non ! Tu vas pas faire ça !
- Je vais me gêner !
Et elles ont éclaté d’un rire interminable.
Je me suis discrètement éclipsé. Je suis redescendu. Et je me suis trouvé nez à nez avec une jeune femme rousse d’une trentaine d’années qui ne m’a pas prêté la moindre attention et qui s’est précipitamment engouffrée dans la chambre voisine. Celle de droite. Ça commençait bien… Je me suis installé, avec ma tablette, à la fenêtre de la nôtre, une fesse sur le radiateur, et j’ai attentivement surveillé les allées et venues. À cinq heures et demi est arrivé un couple de retraités qui est allé se perdre très loin dans les étages. Et puis, une vingtaine de minutes plus tard, deux autres. Coup sur coup. L’un, d’âge mûr, s’est installé dans une chambre de l’étage du dessus, un peu sur la droite. L’autre, d’une trentaine d’années, a élu domicile à l’autre bout du couloir. À six heures, sont arrivés deux types. Dans les vingt-cinq ans. À qui on a donné la chambre voisine. Celle de gauche. Des amis ? Des frères ? Un couple ? Je n’ai pas tardé à être fixé.
- Elle te plaisait la petite brune, hein, là-bas, tout à l’heure.
- Oui, oh…
- Menteur ! T’as pas arrêté de la bouffer des yeux. Tout l’après-midi. Et de bander.
- Tu te l’es imaginé.
- Ben, voyons ! Je te connais, attends, depuis le temps. Et je suis sûr que rien que de parler d’elle, ça recommence à grimper. Fais voir ! Fais voir, j’te dis ! Tiens, bingo ! Et pas qu’un peu ! Je comprendrai jamais que des nanas puissent te mettre dans des états pareils. T’es vraiment rien qu’un gros cochon. Un putain de salaud de gros cochon. Mais j’aime ça. Et je vais en profiter.
Ils se sont tus. Il y a eu des halètements. Un bruit de succion. Des gémissements.
- T’as avalé… J’adore quand t’avales.
Des baisers. Des chuchotements. Encore des baisers.
Au restaurant, après, en bas, je les leur ai discrètement indiqués, du coin de l’œil.
- Ce sont eux.
Elle a souri.
- Ils vont remettre ça tout à l’heure. On fera ce qu’il faut pour. Et la rouquine, elle est où ?
- À mon avis, là.
La table vide, juste à côté de la nôtre. On l’a attendue pendant tout le repas.
- Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Qu’on voie à quoi elle ressemble au moins.
Quand elle a enfin fait son apparition, on attaquait le dessert. Elle nous a, cette fois, gratifiés d’un large sourire. Un sourire qu’Alyssia et Benjamin lui ont rendu. Ils se sont longuement attardés à table. Se sont pris la main, fait des chuchoteries à l’oreille, bécotés tant et plus. Et ils l’ont laissée remonter la première.
Dans l’ascenseur, Alyssia m’a donné ses consignes.
- Tu surveilles. Tu écoutes. Comment ça réagit. Ce qui se passe. Des deux côtés. Tu nous raconteras.
Dans la chambre, elle a fait mine d’être furieuse.
- Espèce de salaud ! Tu l’as fait exprès. Je suis sûre que tu l’as fait exprès.
Et Benjamin mine de tomber des nues.
- Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait exprès ?
- Joue bien les innocents ! Parce que qu’est-ce que c’est que ces façons de traîner des éternités à table alors que tu sais très bien que j’en peux plus tellement je crève d’envie que tu m’enchattes.
- Oh, mais si c’est que ça ! T’en veux ! Eh bien tu vas en avoir…
- J’espère bien. Et t’as intérêt à tenir la distance.
- Toi, tu me cherches, ce soir. Tu me cherches et tu vas me trouver.
Il l’a fait reculer, à petites poussées insistantes, du plat de la main, jusqu’au mur. Celui du côté des types. Il l’y a plaquée, immobilisée. Il a relevé la robe, écarté la culotte. Et constaté, d’un doigt inquisiteur.
- T’es trempée.
Il l’a pénétrée d’un coup. Et aussitôt bourrelée à grands coups de reins impérieux.
- Oh, Benjamin ! Benjamin !
Elle a amoureusement noué ses bras autour de lui.
- Mon Benjamin !
Ils réagissaient comment les types à côté ? J’avais beau tendre l’oreille. Impossible d’entendre quoi que ce soit. Les gémissements d’Alyssia, les claquements de ses fesses sur la cloison contre laquelle elles venaient méthodiquement battre, à chaque coup de boutoir, faisaient désespérément écran. Et de dehors ? Peut-être que de dehors… Oui, sûrement même. Je me suis discrètement approché de la porte. Que j’ai ouverte et derrière laquelle j’ai trouvé, penchée à l’équerre, l’œil rivé au trou de la serrure… la serveuse, la fille des patrons, le jean déboutonné, une main à l’intérieur. Elle m’a jeté un regard épouvanté et s’est enfuie. Du plus vite qu’elle a pu. J’ai attendu qu’elle ait disparu au détour du couloir et je me suis approché de la porte de nos voisins. J’y ai collé l’oreille. Il m’a semblé percevoir un coulis de mots murmurés très bas. Sans certitude absolue. Peut-être mon imagination me jouait-elle des tours. Et la rousse à droite ? Je les ai abandonnés et suis allé m’occuper d’elle. Elle gémissait. Une myriade de petits gémissements étouffés. Sans doute dans l’oreiller.
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