Tricoteuses fesseuse

Catégories : Femmes fessées Hommes fessés
il y a 3 ans

De toutes les scènes remarquables qui se déroulèrent pendant la Révolution Française, l'une des plus curieuses eut lieu sur la Place de Grève, en 1791. Les femmes de Paris avaient déjà, à plusieurs reprises, tenu le haut du pavé pendant les terribles événements qui ébranlèrent l'Europe en cette fin de XVIIIème siècle. On les avait vu aller chercher, en cortège, le boulanger, la boulangère et le petit mitron, et les ramener de Versailles à Paris.

Elles avaient inspiré mainte action héroïque des Sans-Culottes, poussées à bout par le spectacle des spéculateurs engraissés et de leur marmaille affamée. C'étaient des femmes d'action, qui ne redoutaient pas la rue et l'affrontement physique. Leur instinct sûr leur avait fait comprendre depuis toujours que le mépris des aristocrates prenait chair, sous sa forme la plus brutale, dans la façon dont ceux-ci traitaient les filles du peuple, les engrossant, les tripotant comme s'il s'était agi de bétail quand ils les croisaient dans une auberge, et, souvent, les maltraitant, ou même les brutalisant, quand ils avaient à faire à elles au bordel.

Tout en assistant avec complaisance à leur supplice, quand elles étaient marquées ou fouettées sur l'échafaud, alors qu'ils en étaient les responsables. Ces femmes avaient une rancune ancienne, profonde, et justifiée, envers l'attitude méprisante de la classe dominante. Elles trouvèrent un jour le moyen de se faire justice.

Cette sanction leur fut inspirée par un incident survenu quelques jours plus tôt, et dont il est fait état par le Père Duchesne en ces termes :

À Paris, on faisait flotter le pavillon monacal; car des mamans et des pères, outrés des traitements de vieilles bobies et de jeunes bigotes de soeur, qui avaient foutu la fouaillée à leurs petites filles, ont fustigé leurs saintes fesses, au point que ces culs de dévote, en un instant, sont vraiment devenus de couleur nationale. C'est par là qu'on a voulu leur faire entrer le patriotisme dans l'âme, comme elles avaient voulu insinuer l'aristocratie aux petites écolières.

Les Récollettes de la rue du Bac ont présenté soixante culs desséchés et jaunâtres; on a cru voir des citrouilles moisies.

Aux filles du Précieux Sa ng c'était tout autre chose : des culs blancs comme neige, bien arrondis...Un concitoyen, qui s'est trouvé dans la mêlée, assure qu'on y a fouetté les plus jolis culs de la capitale. Les s?urs grises des paroisses Saint-Sulpice, Saint-Laurent, Sainte-Marguerite, La Madeleine, Saint-Germain l'Auxerrois n'ont point été épargnées, avec d'autant plus de raison que ces béguignes aient eu la maladresse de ne faire voir que des culs d'une laideur amère, noirs comme des taupes.

Quant aux Filles du Calvaire, elles ont montré au grand jour des culs bruns et rebondis, qu'on aurait réellement pris pour des culs patriotes, s'ils n'avaient été couverts d'une cotte noire.

D'après un relevé exact, il s'est trouvé 621 fesses de fouettées; total : 310 culs et demi, attendu que la trésorière des Miramiones n'avait qu'une seule fesse.

Mais les dames de la Halle, pour parler comme le Père Duchesne, mises en appétit de fessées publiques, outrageantes, déshonorantes, se rappelèrent, en bonnes mamans qu'elles étaient, que les petits citoyens dont elles assuraient l'éducation avec conscience étaient fessés de leurs fortes mains aussi souvent que les fillettes.

  • Nous aussi, citoyen, nous voulons voir des culs d'aristocrates, mais des culs de messieurs, nous avons assez fessé de bigotes ! C'est bien notre tour, à cette heure ! Nous voulons des fesses de chevaliers et de marquis !

  • Des fesses bien blanches, à la peau fine!

  • Des fesses qui pètent dans la soie !

Les plus énergiques, les plus radicales, les plus décidées d'entre elles avaient obtenu du directeur de la prison qu'il leur laisse, pendant une matinée, les "aristocrates" détenus dans les geôles. Et ce, afin "de leur fouetter publiquement leur cul" sur la place de Grève. Les hommes qui avaient assisté à la fessée des nonnes dédaignèrent de se rendre au spectacle qui allait suivre, qu'ils jugeaient un caprice tout juste bon à la gent féminine. Sans doute étaient-ils également mal à l'aise à l'idée de voir leur propre sexe traité ainsi : la guillotine, oui, mais la fessée...

En son for intérieur, plus d'un se sentait humilié lui-même, par solidarité masculine, même à travers la différence de classes, et il n'y avait aucun plaisir, avouable du moins, à regarder mettre à l'air des fesses de jeunes hommes. Mais ils ne purent refuser cette gratification demandée avec appétit par les dames de la Halle, après qu'elles leur avaient offert des vues aussi agréables sur les charmes secrets des religieuses.

Les commères s'étaient installées devant l'échafaud. Il n'y avait plus qu'un poteau, vestige de supplices de l'ancien régime. Celles des premiers rangs y avaient tiré des chaises, et, justifiant le sobriquet dont on les désignait depuis quelques semaines, tricotaient en attendant l'exécution. La guillotine n'y était pas, aussi les commères étaient-elles rassemblées le plus près possible, sans craindre d'être éclaboussées de sa ng, et avaient-elles amené avec elles leurs e n f a n t s, à qui elles épargnaient d'habitude la vue de scènes trop san glantes. Celle qu'elles attendaient était propre à bien marquer les jeunes esprits qui en seraient les témoins, tout en promettant d'être fort plaisante.

Les prisonniers avaient été choisis parmi les plus jeunes, et étaient montés dans la charrette d'infamie sans qu'on les eût avertis du sort qui les attendait. De beaux gaillards, bien nourris, musclés par la pratique de l'escrime et de l'équitation, à la mise soignée, quoi qu'un peu fripée déjà par leur détention. Debout, fiers, arrogants, même, ils semblaient défier la foule rangée le long des rues sinueuses qu'ils parcouraient. Celui qui semblait le plus résolu essayait de distraire ses compagnons de leur angoisse :

  • Allons, mes amis, ne leur donnons pas le plaisir de montrer notre peur. La mort n'est qu'un passage, on nous l'a assez répété au collège.

  • Tu parles comme s'il s'agissait de mourir au combat, Vicomte. Mais je ne vois que des femmes, si l'on peut donner ce nom à ces furies. Je n'aime pas l'idée d'être mis à mort par des femmes.

  • Et nous n'avons pas été jugés. Je ne crois pas que nous allons être guillotinés. Je crains plutôt que nous ne soyons mis en pièces par la canaille.

  • Elle semble bien calme, pourtant, la canaille. Regarde-les, les bras croisés, qui nous toisent comme si nous étions du même rang !

De fait, les matrones du premier rang avaient posé leur tricot, et croisaient les bras, l'air sûr d'elles, mais sans montrer de signes de colère, presque majestueuses, dans leur maintien de justicières.

Quand la charrette s'arrêta enfin, un concert de rires et d'exclamations accueillit les jeunes nobles, qui tâchaient de garder l'air hautain sous les quolibets. Ils étaient maintenant persuadés que leur dernière heure avait sonné, sans jugement. Ils étaient prêts à mourir avec héroïsme, dans un massacre populacier qui s'était déjà produit. Mais les robustes harengères montées sur l'échafaud ne brandissaient aucune arme blanche, elles se retroussaient simplement les manches en affichant un sourire gourmand.

L'apparence des Tricoteuses offrait un contraste absolu avec celle des condamnés. Les vêtements, tout d'abord, étaient ceux du peuple. Même défraîchis, les habits qui couvraient les jeunes aristocrates étaient faits d'étoffes plus fines, mieux coupées, les chemises étaient plus blanches, les autres couleurs plus vives, que les robes et les tabliers des femmes de la halle.

Celles-ci avaient des visages colorés, des bras hâlés par la vie en plein air, leurs mains même étaient plus robustes que celles de la jeunesse dorée qui se raidissait dans une attitude offusquée en arrivant sur la place, des mains capables de tirer des charrettes à bras, de soulever des sacs de pommes de terre, d'empiler des fromages, mais aussi de battre du linge à laver, les joues d'un homme trop entreprenant, ou le derrière nu d'un e n f a n t désobéissant. Certaines de ces dames étaient sèches comme des hommes, tannées comme des marins, mais beaucoup, malgré les privations, arboraient une imposante poitrine et faisaient rouler une vaste croupe, qui semblaient l'emblème de leur enracinement dans la vie terrestre et de leur sensualité brutale et sans complexe.

Le premier jeune homme à être présenté à la foule se nommait Jean-Jacques Mottier, Marquis de Lamberterie. Il fut extrait de la charrette, et tiré sans ménagement sur la scène, où il fut placé dos à l'assistance. Il sentait, pendant qu'on le manipulait, la vigueur qui habitait ces robustes femmes du peuple. Leurs mains aux gestes sûrs ne lui laissaient aucune chance de se dégager de leur étreinte. Leur odeur chaude, qui évoquait la transpiration, le poisson, le fromage, emplissait les narines enfiévrées du jeune homme réduit à l'impuissance. Alors, pendant que deux matrones décidées lui maintenaient les bras, deux autres, accroupies à ses genoux, entreprirent de lui déboutonner et de lui baisser ses chausses.

Ensuite, il fut courbé en avant, bien calé contre des hanches généreuses, dont il sentait la chaleur sur sa peau nue à travers l'étoffe des robes, et l'on troussa sa chemise. La fraîcheur de l'air sur son séant dénudé le paralysait, dans l'attente d'une suite inéluctable qu'il ne devinait que trop bien. Un choeur de "oh" et de "ah" d'appréciations connaisseuses s'éleva du parterre. Les e n f a n t s trépignaient d'une joie qu'ils ne songeaient nullement à dissimuler, comme à chaque déculottée à laquelle ils assistaient.

La peau du jeune homme était fine, et blanche comme du lait. Ses fesses étaient très rondes, et les commères les dégustaient des yeux avec un plaisir impatient. Une jeune femme vint se placer devant son visage, afin de ne rien perdre des expressions de désespoir qui envahissaient le malheureux jeune homme. Elle le saisit par les oreilles, pour l'obliger à la regarder, mais sans toutefois tirer trop fort, puis lui parla d'une voix mielleuse, arborant un sourire faussement naïf, d'une sollicitude pleine de raillerie :

  • Allons, Monsieur, vous ne serez point raccourci. Vous allez juste être fessé, sur votre cul, devant toute la place de Grève. Entendez-vous rire les commères qui regardent ce spectacle ? Savourez bien, monsieur le Marquis, n'en perdez pas une miette.

Son apparence n'était pas celle des autres femmes présentes, qu'elle semblait cependant bien connaître. Elle était vêtue de linge plus fin, son visage était quelque peu fardé, et un décolleté avantageux présentait deux seins blancs et tendres, qui tressaillaient à chacun de ses gestes. Le supplicié était trop bouleversé pour apprécier tout cela, dardant ses yeux paniqués dans ceux de la fille. Mais une autre matrone avait pris place à côté du postérieur exposé du Marquis, brandissant un battoir de la main droite. Elle apostropha l'assistance en ces termes :

  • Regardez, citoyennes. Tout le monde voit bien ? Tout le monde voit bien son cul ? Regardez comme il a la peau blanche. Mais c'est un cul comme le nôtre, pas vrai ? Il y a deux fesses, et une fente, comme nous toutes, citoyennes. Alors il va être traité comme les nôtres, quand on arrivait à la prison.

Puis, majestueusement, elle leva son battoir et se mit à fesser en cadence le Marquis qui trépignait et se débattait en vain. Les commères assises en bas de l'estrade gloussaient d'aise et riaient en faisant des commentaires. À chaque claquée, le derrière se tortillait de douleur, sous le regard satisfait de la fesseuse qui, à plusieurs reprises, passa sa main libre sur les rondeurs brûlantes pour en éprouver le degré de cuisson, mesurant ses coups afin de ne pas déchirer une peau si délicate : la vue du sa ng aurait altéré, pensait-elle, l'impression de honte et d'humiliation qui réjouissait si fort l'assistance. L'outrage devait ramener le jeune homme au rang de garnement que l'on fesse, et non en faire un martyr.

La fessée ne cessa toutefois que lorsque les chairs meurtries furent presque rouge vif, et que le Marquis commença à verser des larmes en demandant grâce. Celle-ci lui fut accordée, mais il fut lié au fameux poteau, chausses aux pieds, exposant à la foule son derrière déshonoré.

Les autres condamnés, au nombre de sept, n'avaient rien perdu du spectacle. L'un essayait de se débattre, proférant de terribles menaces :

  • Je vous interdis de me toucher, mégères. Attendez seulement que l'ordre revienne, je vous promets que vous serez châtiées pour cette infamie ! Vous serez rouées, ou condamnées aux colonies, vous serez fouettées !

  • Mais oui, mon petit monsieur ! En attendant, c'est ton cul, qui va être fouetté. Tu vas bien nous le montrer, qu'on lui donne des couleurs ! T'as déjà dû en recevoir, des fouettées, chez les Jésuites ? Ils aiment ça, fesser les gamins, hein, les curés ? Ben nous aussi, tu vois. Allez, bas culottes ! Montre-leur ton cul, à toutes ces braves citoyennes ! Qu'on te fesse, bien fort !

Jean-Jacques de Lamberterie était dans une confusion extrême. Il avait parfaitement reconnu Gabrielle, la jeune femme qui lui avait parlé avant que sa correction ne commence. C'était une créature, déjà croisée dans une maison close, et elle en connaissait long sur une partie secrète de sa vie. Au cours de parties fines, le Marquis avait assisté à la flagellation de prostituées, pour le plaisir et l'excitation de ses camarades. Mais lui-même ne semblait guère enthousiaste, comme s'il était resté sur sa faim, et cela n'avait pas échappé à Gabrielle.

Une ou deux fois, alors que les jeunes nobliaux cuvaient leurs excès de toutes sortes en ronflant sur les banquettes, la prostituée avait prodigué des caresses sincères à Jean-Jacques, de celles qu'échangent tous les amants, lorsqu'il n'y a nul témoin à leurs jeux. Puis, après qu'il eut assouvi son désir de jeune faon, et se fut assoupi à plat-ventre dans l'alcôve, elle avait, par jeu, claqué une ou deux fois, avec le naturel d'une maman du peuple, les jolies fesses rondes et blanches du Marquis. La réaction de celui-ci ne laissa alors aucun doute à l'experte jeune femme. Et seule la crainte que les lourdauds endormis tout près ne se réveillent, et ne se moquent de leur camarade, l'avait empêchée de fesser d'importance l'a d o l e s c e n t tout frémissant, dont les joues avaient pris la même couleur que son petit cul fraîchement claqué. Pourtant, elle n'en souffla mot. Mais les paroles qu'elle lui avait susurré avant que le battoir n'entre en action étaient sans équivoque.

Les parents de Jean-Jacques étaient des nobles cultivés, et ouverts aux idées nouvelles. C'est la raison pour laquelle ils avaient choisi ce prénom pour leur fils cadet. Et, sur les rayons de la bibliothèque familiale, figuraient en bonne place l'Encyclopédie, les oeuvres de Voltaire, et celles de Rousseau. Mais la tourmente de la Révolution ne s'embarrassait pas d'enquêtes sur l'ouverture d'esprit des aristocrates, et les vêtements soignés, la perruque poudrée, la diction distinguée, les mains fines, de Jean-Jacques, lui avaient valu une arrestation aussi brutale qu'imméritée.

Ce jour-là-là, lié au poteau d'infamie, sa culotte de privilégié en berne à ses chevilles, son derrière rouge exposé aux sarcasmes des poissardes, le jeune homme avait compris que Gabrielle avait percé son secret. Un secret honteux, qui l'avait malmené pendant son jeune age, et qui s'était emparé de lui à la lecture des Confessions.

À la lecture du fameux passage, où Rousseau raconte comment il avait dû se soumettre à la punition des e n f a n t s, son coeur s'était mis à battre très fort, comme s'il regardait en face une vérité qu'il avait toujours connue. Le philosophe semblait, d'un coup, être devenu un frère maudit de l'a d o l e s ce n t inquiet.

Monsieur de Lamberterie ne partageait pas que le prénom de Rousseau, il rêvait, comme son homonyme, d'être fessé par une femme, de la façon la plus humiliante possible. Et, tout comme pour son modèle, le jeune homme se sentait définitivement entravé par le destin : comment, en effet, croire qu'une femme puisse s'incarner en mademoiselle Lambercier, et offrir le plaisir suprême de la fessée, à un homme qui a quitté les rives bénies de l'enfance ?

Quant à imaginer qu'il ait pu payer une prostituée pour qu'elle joue ce rôle, Jean-Jacques devinait trop bien que la fesseuse vénale n'aurait jamais ce qu'il faut d'autorité rassurante pour endosser le rôle de la bonne éducatrice. La honte de payer une personne de basse extraction, pour accomplir, en secret, un acte qui aurait fait de lui la risée et l'objet de mépris de toute sa caste, n'était pas de la même nature que la honte de l'e n f a n t dont une éducatrice a baissé la culotte, qui se sent impuissant devant le bras séculier de l'autorité pédagogique, et qui peut, comme le disait mot à mot Rousseau "profiter en sûreté de conscience" de la fessée déshonorante. Un e n f a n t fessé n'est pas exclu de l'amour des siens.

Et, c'est bien ce qu'avait compris Gabrielle, ce jour-là-là, il avait été servi au-delà de toutes ses plus folles rêveries. Il avait joui sans péché.

Cependant les mises à l'air succédaient aux mises à l'air, et les fessées aux fessées. Des volontaires s'étaient proposé pour aider dans sa tâche la lavandière fesseuse. Les commentaires sarcastiques ou appréciateurs pleuvaient à chaque déculottée, sur les derrières exhibés par les jeunes nobles. Aucun cependant n'avait la rondeur parfaite et l'incarnat délicat de celui de Jean-Jacques, qui, toujours lié au poteau, l'offrait en comparaison aux regards gourmands des commères, et c'est peut-être ce qui fit que les fessées furent plus brutales. Une fois le dernier prisonnier dûment corrigé au battoir, les Tricoteuses tinrent un bruyant conciliabule pour décider de la suite de leur châtiment. Elles convinrent de les ramener en cortège à la prison, chausses bas, sur la charrette, en attendant que le tribunal ne décide de leur sort. Mais Gabrielle, qui avait maintenant quelque influence grâce à sa clientèle de bourgeois aisés, obtint la grâce de Jean-Jacques, qui disait-elle, n'avait jamais conspiré contre le peuple, et était seulement fautif d'une surestime de soi, qui avait maintenant, grâce à la fessée, été ramenée à de justes proportions.

Le jeune homme gardait la tête baissée, et évitait les regards. Une pluie fine avait commencé à tomber, et apportait quelque douceur à la peau de son postérieur, mis en valeur entre la blancheur des cuisses et celle de la chemise retroussée, encore agité de soubresauts, dont la couleur virait progressivement du rouge vif à l'écarlate. L'ensemble du tableau évoquait sans doute davantage un e n f a n t puni qu'un aristocrate arrogant, et il se peut que les Tricoteuses en aient été, sans se l'avouer, quelque peu attendries :

  • Citoyennes, celui-ci n'est qu'un gamin. Il n'a jamais conspiré. Il se croyait un peu, mais maintenant, c'est un vrai sans-culotte. (rires) si vous me l'accordez, ce soir je le prendrai à mon service. J'ai besoin de quelqu'un qui sait lire et compter.

  • Va pour celui-ci, Citoyenne. Mais s'il marche de travers, nous savons où le trouver.

La charrette repartie, escortée par la cohorte des mégères hilares, Gabrielle détacha les mains de Jean-Jacques, et, après avoir jeté un ?il moqueur sur son membre viril assoupi, le saisit avec douceur, pendant qu'elle lui intimait d'une voix sans méchanceté :

  • Allez, monsieur le Marquis. Je vous appellerai désormais citoyen, vous serez à mon service, et, je vous prie de me croire, si je suis mécontente, votre derrière va chauffer. Je fesse aussi bien que les dames de la Halle. Mais pour l'heure remontez votre culotte, vous allez prendre un chaud et froid.

Jean-Jacques

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