Un malentendu génère une fessée

Un malentendu génère une fessée

Elle attendait son retour, agenouillée au bord du lit, exactement comme il le lui avait ordonné. Elle devait rester immobile, mais ses jambes commençaient à s'engourdir alors elle essayait quand même de les frotter l'une contre l'autre pour que ce supplice cesse. Comment avait-elle pu penser une seule seconde s'en tirer à si bon compte? Jamais il ne se serait contenté de ces quelques volées de claques qu'il lui avait administrées quelques minutes auparavant. Elle le savait parfaitement! Ses fesses avaient à peine rosi sous sa main et cela ne devait même plus se voir à présent. Si elle n'avait pas si peur de la suite que pouvait prendre les événements, elle en rirait presque.

Il faut dire qu'il avait vraiment exagéré, cette fois-ci! Cela faisait une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus. Ils passait son temps en voyage d'affaires tandis qu'elle se languissait, seule, en l'attendant. Alors quand il lui avait proposé qu'ils se rejoignent à Rome pour y passer quelques jours de vacances en amoureux, elle n'avait pas hésité une seconde. Elle avait bouclé sa valise en un temps record, en y mettant peut-être, mais comme toujours, un petit peu trop d'affaires. Etre prudente n'avait jamais été un défaut, après tout, et qui sait quel temps il pouvait bien faire en Italie!

Son vol avait atterri peu après neuf heures à l'aéroport de Rome. Elle avait quelques heures devant elle avant que le vol en provenance de Chicago n'arrive enfin. Et pourquoi pas en profiter pour essayer de réserver une visite de la ville? Rome, berceau de la civilisation occidentale! Elle avait toujours rêvé de la visiter. Aujourd'hui ce rêve était à portée de main, aussi se mit-elle de ce pas en quête d'une agence de tourisme. 11h30. Les portes de la zone douanières s'ouvraient par intervalles pour passer des gens au teint pâle et aux traits tirés. Elle l'aperçut enfin! De grandes cernes se dessinaient sous ses yeux. Il n'avait visiblement pas dû dormir beaucoup pendant le vol. Elle se jeta dans ses bras et ils s'embrassèrent.
« Ça va ? » Lui demanda-t-elle, un peu inquiète.
« Oui, juste un peu fatigué. Je n'ai pas beaucoup dormi cette semaine, tu sais, avec le décalage horaire, les réunions qui s'enchaînent... et puis le vol a été épouvantable!». Mais il souriait, heureux de la retrouver et de prendre enfin quelques jours de vacances bien mérités.
« Tu as prévu de faire quelque chose, aujourd'hui ? » lui demanda-t-il.
« Oui, j'ai réservé une visite guidée des monuments antiques de la ville. Ça va être merveilleux, si romantique! ».
Il aurait voulu lui sourire mais ne put s'empêcher de grimacer à l'idée de crapahuter, des heures durant, dans la chaleur étouffante de la ville. Il ne lui dit rien, cependant. Il ne voulait pas lui gâcher son plaisir, elle avait l'air tellement heureuse de cette visite... même s'il aurait largement préféré rester se reposer à l'hôtel.

Comme il l'avait pressenti et malgré les splendeurs qui se dévoilaient sous ses yeux, l'après-midi fût pour lui un véritable calvaire. Il était tellement fatigué qu'il n'arrivait pas à se concentrer sur le discours, pourtant parfaitement rodé, de leur charmante guide. Une fois enfin rentrés à l'hôtel, ils s'écroulèrent sur le lit. La chaleur de cet après-midi d'été avait été accablante et ils n'avaient ni l'un ni l'autre envie de ressortir dîner. Elle avait très envie qu'il lui fasse l'amour, aussi se colla-t-elle tout contre lui. Mais elle avait beau onduler du bassin du mieux qu'elle pouvait, il ne montrait aucune réaction...
« Mince, se pourrait-il qu'il se soit déjà endormi ? » pensa-t-elle, incrédule.
« Eum, eum » fit-elle pour voir s'il réagissait encore.
« Eum, eum » retenta-t-elle, une seconde fois.
Non, aucune réaction. Il dormait, bel et bien ! Une grosse boule de frustration vint se caler au fond de sa gorge. Comment pouvait-il dormir alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis une semaine ? Cette frustration se muait peu à peu en une colère froide et elle eu beau se tourner et se retourner dans le lit, le sommeil ne vint l'engloutir qu'au bout de longues heures d'agonie.

Au petit matin, une main se posa sur ses fesses et commença à éveiller ses sens par de douces caresses circulaires. Elle se réveilla brusquement et toute la frustration que le sommeil impuissant n'était parvenu à effacer lui revint en mémoire.
« Comment oses-tu me réveiller ? Enlève tes sales pattes de là ! »
« Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il te prend ? Tu réalises un peu la manière dont tu me parles ? »
Sans plus attendre, il retira d'un coup sec le drap et une volée de claques s'abattirent sur les fesses ainsi offertes à sa vue.
« Arrête ! »
« Non, je n'arrêterai pas. Comment peux tu me parler ainsi ? Si c'est une fessée que tu cherches, tu vas la recevoir, ne t'inquiète surtout pas ! » et une deuxième volée de claques retentit dans la pièce.

« Lève-toi ! »
Elle fût surprise de s'en tirer à si bon compte, mais cela ne prouvait-il pas qu'il avait bien eu tort sur toute la ligne ?
« Met-toi à genoux, au bord du lit ! »
Ah, ce n'était peut-être pas fini...
Elle réfléchit une seconde mais jugea qu'il était sans doute préférable de lui obéir. Tout compte fait, il n'avait peut-être pas tous les torts dans cette histoire...
Lorsqu'elle sentit qu'il déposait la ceinture dans le creux de ses reins, elle se dit que visiblement non, il pensait ne pas du tout être en tort.
« Attend-moi là quelques minutes, je dois envoyer un mail urgent au bureau et le wifi n'a pas l'air de fonctionner dans les chambres. Mets à profit ce temps d'attente pour réfléchir à ce que ton attitude a d'inacceptable. Mais ne bouge pas, compris ! Et je ne veux plus entendre un mot sortir de ta bouche tant que tu ne seras pas revenue un tant soit peu aimable !»

C'est ainsi qu'elle se retrouvait-là, agenouillée sur le sol. Une nuée de papillons mettait à sac son estomac. Non pas qu'elle ait réellement peur de la punition, elle avait déjà reçu la ceinture de nombreuses fois et s'en était toujours bien tirée. Mais ce n'était pas raisonné. Elle avait toujours peur lorsqu'elle devait être punie, même si elle savait parfaitement qu'elle ne risquait rien et que jamais, jamais, il ne lui ferait le moindre mal. Avait-elle sur-réagit ce matin ? Oui, peut-être un peu... elle s'en rendait compte à présent. Et alors qu'elle commençait à se sentir réellement désolée de son attitude, elle sentait monter en elle une certaine forme d'excitation. Il ne fallait pas qu'il s'en aperçoive, aussi s'empressa-t-elle de serrer les jambes.

« Eum, eum » entendit-elle derrière elle.
Mince, elle ne l'avait pas entendu rentrer. Il avait été rapide pour envoyer son mail !
« Eum, eum » entendit-elle à nouveau.
Mais il se moquait d'elle, en fait ! Il ne dormait pas hier soir, il faisait juste semblant... Il l'avait très bien entendue faire ses « eum, eum », mais il avait préféré l'ignorer, le rustre ! Et maintenant, il avait le culot de se moquer d'elle !
Elle sentit une vague de colère déferler à nouveau et se leva précipitamment. Elle se releva et se retourna précipitamment quand elle se retrouva nez à nez avec un petit bonhomme en costume de livrée rouge. Sa colère se transforma soudain en effroi. Les joues du jeune homme étaient aussi rouges que son gilet et il venait à peine de réussir à articuler les mots « room service » et « colazione » lorsqu'un hurlement transperça ses tympans. Le pauvre homme prit ses jambes à son cou, tandis qu'elle se réfugiait en toute hâte sous les draps du lit.

Lorsqu'il rentra dans la chambre, quelques minutes plus tard, il la trouva en pleurs, ravagée, à moitié ensevelie sous les draps tel un fantôme d'Halloween.
« Mais que se passe-t-il ? » lui demanda-t-il, en se précipitant pour la prendre dans ses bras.
« Ce n'est pas la première fois que je te punis. Tu sais que je t'aime et que jamais je ne te ferai du mal. Tu le sais, hein, dis-moi? »
Il ne comprenait rien à ce débordement émotionnel, mais se contenta de la tenir serrée tout contre lui et de lui caresser doucement les cheveux. Petit-à petit, les sanglots s'apaisèrent et elle finit par articuler trois petits mots.
« Je te déteste ! ».
Non, il ne comprenait rien à ce qu'il se passait dans sa tête, mais il nota d'ajouter un petit supplément à la punition... trois coups de canne peut-être ?

Décidément, ces vacances ne s'annonçaient pas aussi reposantes qu'il ne l'avait espéré.

Auteur : Amandine
il y a 8 ans

Plutôt sympathique ce petit récit. :) Bien écrit, fluide, excellent la chute ^^, une suite possible?
il y a 8 ans

Excellent récit que j'ai trouvé en farfouillant.
J'avoue que je ne m'attendais pas à une telle chute et la suite, serait un réel plaisir.
il y a 1 an

Merci pour ce petit récit sympathique et plaisant, qui nous donne envie.
Y aurait-il une suite?
il y a 10 mois

Voilà un récit qui donne des papillons dans le ventre et la venue du room service, nous prends également par surprise.
Merci pour ce partage
il y a 10 mois

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