TEMOIGNAGE : mon identité sexuelle
Compte anonymisé
[b:3jrxlxyn]Préambule [/b:3jrxlxyn]
Ce témoignage est celui d’un membre avec qui je discute assez souvent et que j’ai rencontré. Cette personne a accepté de publier un article mais souhaite garder l’anonymat.
Etant un webmaster qui s’intéresse aux membres (et oui vous n’êtes pas que des cartes bleues sur pattes) j’aime découvrir, guider, conseiller quand je le peux. Ce témoignage sur l’identité sexuelle venant d’une femme est à mes yeux d’une grande richesse.
Je la remercie donc pour la confiance qu’elle me porte mais aussi pour ce témoignage d’une grande valeur car, outre les confidences, il ouvre un espace de réflexion et de discussions.
Identité sexuelle est un faux profil que j’ai créé uniquement pour diffuser cet article afin de ne pas orienter les pensées. [b:3jrxlxyn]Le profil identité sexuelle a été supprimé immédiatement après la diffusion de cet article mais son auteur est bien réel. [/b:3jrxlxyn]
Bonne lecture
Mon identité sexuelle
Il y a quelques temps, j'ai vu un article qui posait la question suivante : une femme qui porte des pantalons est-elle une travestie ? Je n'ai pas su quoi répondre.
Dans un monde idéal, à notre époque, un homme pourrait porter des jupes et se sentir tout de même viril. Une femme pourrait porter des pantalons et en être pas moins féminine. Cela existe. Le kilt n'a jamais porté atteinte à la virilité de l'homme, bien au contraire. Les pantalons pour femmes mettent en avant leurs formes et ne sont pas un déguisement.
En réalité, cette question m'a beaucoup perturbée car elle a réveillé d'autres questions en moi. Je vais donc vous parler de moi, non pas par narcissisme, mais pour me servir de mon exemple afin de vous faire envisager la possibilité que les choses ne soient pas si simples, et que ce n'est pas parce qu'il y a deux petites cases "Monsieur" ou "Madame" sur les papiers administratifs que l'on peut faire rentrer tous les êtres humains dans de petites cases. Je ne suis peut être pas un bon exemple, mais malheureusement c'est le seul que j'ai, et je serais heureuse d'avoir d'autres témoignages de personnes dans la même situation.
Partons de la question de l'habillement. Je n'ai jamais aimé les robes. Là où le pantalon est globalement accepté comme un vêtement mixte, la robe m'oblige à être celle que la société attend de par mon sexe biologique. Il n'y a pas de "choix" possible quand on porte une robe. On ne peut pas être celle ou celui que l'on ressent au plus profond de nous.
Lorsque j'étais enfant, très jeune, je n'aimais déjà pas les robes. Et pour cause : je voulais être un petit garçon comme les autres, un qui jouait au foot et portait des shorts et des baskets. Dommage, j'étais née fille. A quatre ans je pleurais pour que l'on me coupe les cheveux à ras et pour porter des shorts plutôt que des jupes. La jupe-culotte, grande mode à l'époque où j'étais en maternelle, m'a fait faire des cauchemars pendant des années. Puis j'ai trouvé la solution à mon problème. Armée d'un ciseau à bouts ronds, j'ai découpé la partie jupe pour seulement garder le short. Ce fut un massacre mais j'en garde une grande fierté. Je me suis faite disputer mais à partir de là, ma mère a cessé de m'imposer des vêtements trop féminins.
Je me suis souvent demandé d'où me venait cette identité masculine. Ma grande soeur était pourtant si belle et si féminine, déjà, enfant. Une vraie poupée Barbie. A côté, je me voyais laide et je culpabilisais. Trop brune, trop chevelue, avec toujours des bleus et des bosses, préférant jouer avec des outils de bricolage et des petits soldats qu'avec des poupées. Lorsqu'on m'en offrait une, je prenais cela pour un outrage. Je grimpais aux arbres, m'imaginais en chevalier défendant son château ou en soldat envoyé au front.
J'y ai beaucoup réfléchi. Était-ce un problème hormonal qui faisait que j'étais garçon à l'intérieur et fille à l'extérieur ? Était-ce un rôle que je jouais inconsciemment pour combler un manque dans ma famille ? J'ai eu ma puberté normalement, bien que le garçon en moi l'ait assez mal vécue. Les gynécologues ont affirmé que tout était normal, à sa place. Je me suis donc penchée sur la deuxième hypothèse. Il n'y a jamais eu d'hommes forts dans la famille, de génération en génération. Que des pères démissionnaires, morts au loin, des abandons, des pères inconnus, voire même des individus qui auraient leur place en prison. Je me suis intéressée à la psychogénéalogie. Cette famille qui vit en nous. Aurais-je voulu devenir, face à l'absence de père valable, l'homme parfait, celui sur qui ma mère et ma soeur pourraient compter, celui qui ne les mettrait pas en danger mais qui les protégerait ? L'hypothèse se tient, mais reste une hypothèse. Je n'ai pas tous les éléments en main pour trancher.*
Il m'a été très dur de m'assumer en tant que fille, tout autant qu'en tant que garçon. Il faut dire qu'il y avait des problèmes trop graves dans mon quotidien pour que je me penche vraiment sur la question, avant de nombreuses années. Alors j'ai porté cette identité intérieure comme un fardeau, une honte. Ma mère a été suffisamment compréhensive pour ne pas rejeter ce côté de ma personnalité en bloc, mais les reproches plus ou moins conscients fusaient. "Tu devrais t'attacher les cheveux plus hauts, ça ferait plus féminin." "Ca te va si bien quand tu te maquilles, pourtant." "Tu sais, si tu mettais ce haut, il mettrait en valeur ta poitrine." "Tu peux porter quelque chose de confortable tout en étant féminine." "Demande à ta soeur de te montrer comment on fait." Je ne ressentais qu'un malaise, une déception. Je me sentais de plus en plus laide, pas dans le bon corps. J'aurais voulu naître avec des couilles et une bite pour savoir ce que ça fait. J'aurais voulu changer de corps pour qu'on arrête de me dire "Non, ne fais pas ça, ce n'est pas un sport de fille, une fille ne ferait pas ça." A l'école, c'étaient les petites vexations, quand j'ai voulu jouer un rôle masculin dans le spectacle de fin d'année, et que la cassette vidéo a été retransmise à tous les élèves tous les ans pendant presque 10 ans, sous fond de fous rires et de moqueries, comme autant de reproches d'exister.
De la part de ma soeur, tout comme des tantes, grands mères, les paroles étaient bien moins mesurées. Horrifiées par ma pilosité bien espagnole, elles se demandaient sans cesse si je faisais exprès de ne pas m'en préoccuper pour leur faire honte.
L'adolescence a été la période de la grande crise. On ne parlait pas de transgenre, on parlait de garçons manqués, de tapettes, et je me disais que oui, j'étais manquée du début à la fin. D'autres soucis s'ajoutaient au tableau. J'étais trop intelligente, en clivage avec les autres enfants. Je ne me sentais bien dans aucun domaine. La situation familiale était toujours chaotique, avec le passage de quelques hommes dans la vie de ma mère, autant d'exemples foireux à ajouter à ceux que j'avais déjà. Je m'inscrivis dans un sport de combat pour apprendre à me défendre en cas de problème. Je regrettais de ne pas avoir de père qui s'occupe de moi. Chaque enseignant était mon modèle, chaque faux pas était une trahison. Je prenais tout ce que je pouvais de chaque homme qui passait dans ma vie, créant dans ma tête une sorte d'idéal masculin, celui que je voudrais être ou que je voudrais rencontrer. J'avais conscience que ce que je voyais au quotidien dans ma famille n'était pas normal, et j'aspirais à savoir ce que je voudrais pour mon avenir.
Et puis je suis arrivée au lycée. Parmi ceux de mon âge, mon regard n'était attiré que par des filles. Certains professeurs me prirent sous leur aile, sentant que j'avais de grandes capacités mais une situation trop chaotique pour en faire quelque chose. Encore plus qu'au collège, je me surprenais de jour en jour à regarder davantage les autres filles, à fantasmer sur elles. Mon premier rêve érotique mettait en scène une fille de ma classe. Je ne mettais pas de côté les hommes et fit mes premières expériences amoureuses et sexuelles, rêvant de créer un jour un foyer parfait, avec un homme, une femme, qui s'aiment et se respectent, et des enfants aimés tels qu'ils sont et en sécurité. Mais j'étais bien trop dominante et je me surpris à penser qu'ils se reposaient trop sur moi, comme si j'étais leur mère et non leur copine, ce qui s'est confirmé par la suite après le lycée. Moi qui rêvais d'un homme qui me protège, me prenne dans ses bras, me rassure, je jouais moi même bien trop ce rôle pour trouver.
Il y avait cette enseignante, lesbienne, très masculine, petite et mince, comme moi, qui m'impressionnait. Elle était pour moi le modèle masculin par excellence. Virile, énergique, protectrice, fière, bien plus que nombre de ses collègues masculins. Tellement bien dans son corps et dans son identité. Un beau jour, je m'arrangeais pour me couper les cheveux courts en pétard. Ils n'étaient jamais assez courts, les coiffeuses refusant de tuer mes belles boucles qui me faisaient tant horreur. J'adoptais un look masculin mais classe, blazer et parfois cravate, et beaucoup pensèrent que je me donnais un genre, mais j'étais enfin moi-même. Je me sentais belle et j'aimais lorsque quelqu'un se trompait dans la rue et m'appelait "jeune homme". Il faut dire que je jouais beaucoup de mon physique androgyne.
L'université ensuite. J'ai connu des filles pour la première fois. En couchant avec une fille, je me suis sentie femme pour la première fois. Elle avait un tempérament fort, et on s'apportait mutuellement l'affection qui nous avait tant manqué. J'ai voulu me faire belle pour elle. Je me suis parfois maquillée, avec l'impression de me déguiser. Puis je suis de nouveau sortie avec des hommes. Je ne supportais pas la pénétration mais je pouvais prendre du plaisir avec des hommes. Le manque de discipline et de cadre que j'avais connu dans l'enfance se transforma en ma recherche de ceci dans un contexte plus érotique. Mais seul un homme peut m'imposer cette discipline et combler ce manque affectif. Je ne l'accepte pas d'une femme. J'ai grandi entourée de femmes et j'ai voulu jouer le rôle de protecteur pour elles.
J'ai été amenée à mettre des jupes lors de boulots d'été. J'ai détesté, surtout les commentaires des collègues qui, comme ma famille, voulaient m'apprendre à être plus féminine, plus belle, à m'habiller, à me maquiller. Toutes ont voulu m'apprendre à être une fille parce que dans notre société, on ne peut toujours pas être entre les deux. Si on ne rentre pas dans une case, cela crée une sorte de malaise, de gêne, de pitié, voire de dégoût.
Aujourd'hui, je m'accepte bisexuelle, en me disant que quand je trouverai la bonne personne, homme ou femme, je le saurai. Je ne considère pas mon identité comme un problème. Je ne suis pas une anomalie.
En fait, dans ma vision du monde, on n'aurait pas besoin de genres. Lorsque je regarde autour de moi, je vois des personnes, je ne vois pas des sexes. Je ne supporte toujours pas qu'on me dise des phrases du style "Tu pourrais être si mignonne si seulement tu...". C'est un réflexe, ça se veut un compliment du style "Je vois ta beauté même si toi tu ne la vois pas." Parce que beauté est féminine, beauté n'a pas sa place chez un garçon féminin. Ca me dégoûte, me met en colère. Pour moi, c'est une négation de mon identité. J'ai appris à aimer mon corps et à mettre en valeur ce qui m'arrange. J'aime mes jambes féminines. J'aime mes bras trop musclés.
J'ai même fini par apprendre à aimer mes cheveux et je les ai laissés pousser. Certains jours je les regarde et je joue avec mes boucles, me sentant très femme, d'autres, je me trouve très cool en garçon aux cheveux longs. Je m'habille plus ou moins fille garçon selon les jours, j'ai quelques belles robes, quelques belles tenues qui tiennent plus du costume d'homme que du blazer pour femme, je switche. Je suis une femme à présent mais j'ai gardé un côté très masculin que je cultive, qui me rassure, qui me donne l'impression d'être moi même. Je n'envisage pas de choisir entre l'un et l'autre. Je ne suis ni totalement fille ni totalement garçon. Je suis et c'est bien suffisant.
FIN DU TEMOIGNAGE DE .............
il y a 10 ans
Compte anonymisé
Pour ma part j'ai toujours été celui qu'on attendait, mais depuis quelques années je prends de l'assurance, je m'attache de moins en moins au regard d'autrui, mais je me coupe aussi de plus en plus des relations humaines.
Car c'est bien connu, l'homme a peur de ce qu'il ne connait pas.
Mais contrairement à beaucoup, je ne me sens ni homme ni femme, mais autre chose.
Je rêve d'avoir une petite poitrine A ou B serait parfait, et de ne plus avoir de sexe, juste un minuscule trou pour uriner. Garder ma toison de singe qui m'a valu nombre de moquerie y compris de nos jours.
C'est difficile, mais ça l'est de moins en moins.
Un jour peut-être je serais moi, et un jour peut-être quelqu'un m'aimera.
Ce qui fait le plus défaut de nos jours, c'est la tolérance et la compréhension.
Nous faut donc nous blinder.
il y a 10 ans
je comprends ce mal être pour l'avoir vécu de l'autre coté de la barrière.
j'ai toujours soutenu poing levé la personne qui ressemble à ce récit.
alors soyez vous même et vivez...
il y a 10 ans
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