Ce soir-là, quelque chose en moi a basculé.

Non pas dans la douleur, ni dans la peur… mais dans cette forme d’oubli de soi que seuls les véritables abandons provoquent. Le genre d’instant où l’on ne lutte plus, où l’on ne pense plus. On devient. On s’efface.

Ma cage de chasteté était en place depuis plusieurs jours. Fermée par Sa main, verrouillée par Sa volonté. Mon sexe n’était déjà plus vraiment à moi. Simplement contenu. Contrôlé. Invisible. C’était comme si mon désir lui-même était tenu en laisse. Et ce soir-là, tout cela allait prendre un autre sens. Plus profond. Plus cru. Plus vrai.

Maîtresse m’avait parlé de lui. Il n’était pas une menace, juste une évidence. Elle avait un amant. Et moi, j’avais ma place. Celle du serviteur. Du chien. Du confident parfois… mais jamais de l’homme. Ce n’était pas ce qu’Elle attendait de moi.

Un jour, Elle m’a dit simplement :
« Il viendra. Ce sera à la maison. Tu resteras là. Et tu regarderas. »

Ce jour-là, j’ai compris que ma position allait changer. Se redéfinir. S’approfondir.

Le soir venu, je me suis appliqué à tout préparer. La chambre. L’ambiance. Le lit. Et Elle… Elle est apparue dans cette nuisette noire, fine comme un souffle, que je lui avais offerte pour la Saint Valentin. Elle était sublime. Intouchable. Déjà lointaine.

Elle m’a regardé et m’a souri. Un sourire à double tranchant. Un sourire qui disait :
« Tu vois ? Même ça, je peux l’offrir à un autre. »

Puis il est arrivé.

Elle m’a mis en laisse. Ce geste, pourtant simple, est resté gravé en moi. Elle ne m’a pas attaché. Elle m’a tenu. Pendant toute la durée de leurs ébats, Elle gardait cette laisse entre ses doigts. Parfois lâche, parfois tendue, comme pour me rappeler :
« Je ne t’oublie pas. Tu es là. Tu regardes. Tu restes à moi. »

À la laisse s’ajoutait un autre rappel de ma condition. Maîtresse m’avait inséré un plug anal peu avant son arrivée. Un geste lent, précis, presque cérémonial. Elle m’avait glissé à l’oreille, avec ce ton si calme et cruel :
« Pour que tu sois bien ouvert, bien prêt... même s’il ne viendra pas pour toi. »

Le plug me remplissait, physiquement. Il appuyait sur ce qu’il me restait de fierté. Il me gardait tendu, disponible, offert sans jamais être pris. C’était un poids constant, qui me ramenait à ma réalité : j’étais pénétré par Sa volonté, marqué dans ma chair.
À chaque respiration, chaque petit mouvement, le métal en moi résonnait avec la cage sur moi. J’étais prisonnier, dedans comme dehors.

J’étais à genoux, au sol, à quelques centimètres du lit.
Le bruit de leurs corps, leurs soupirs, l’odeur de leur plaisir… tout m’enveloppait.
J’étais là, présent. Témoin.
Et pourtant, effacé.

Puis, quand le silence est revenu, Elle a tiré doucement sur la laisse.
Un simple mouvement. Un ordre muet.
Je me suis approché. Elle s’est légèrement écartée. Elle s’est offerte.

Et j’ai compris.

J’étais habitué à la nettoyer de son divin pipi avec dévotion. Mais cette fois… il y avait autre chose. Une trace. Leur mélange. Une forme d’intimité que je n’avais jamais connue.

Elle a murmuré, calmement, presque tendrement :
« Ne sois pas timide. Viens nettoyer ta Maîtresse. »

J’ai hésité. Une seconde. Pas plus.
Puis j’ai obéi.

Goûter Maîtresse après son amant…
C’était une humiliation. Une offrande. Une évidence.
J’ai tout pris. Jusqu’à la dernière goutte. Avec soin. Avec respect. Avec amour, même — dans ce qu’il me restait d’humanité.

Quand ce fut fini, je l’ai regardée et j’ai dit :
« Merci, Maîtresse. »

Ce jour-là, j’ai cessé d’être le soumis qui voulait bien.
Je suis devenu ce qu’Elle avait choisi de faire de moi :
Un objet.
Un prolongement.
Un réceptacle.
il y a 2 jours

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