Souvenir de ma première rencontre avec Ma Maîtresse

C’était une époque que certains qualifieraient de préhistorique. Une époque sans téléphones portables, sans messageries instantanées, sans profils en ligne ni applis pour “matcher”. Les rencontres, surtout dans notre univers, passaient par les petites annonces dans des revues spécialisées. Loisirs 2000 était l’une de ces publications précieuses, presque confidentielles, qu’on feuilletait avec des mains tremblantes, entre curiosité et espoir.

C’est là que je suis tombé sur son annonce.

Quelques lignes à peine, mais d’une précision et d’une autorité glaciale. Pas de promesses inutiles, pas de mots doux. Juste ce qu’il fallait pour faire résonner quelque chose de profond en moi. Elle cherchait un soumis dévoué, obéissant, propre, silencieux, capable de comprendre que la soumission commence dans les détails.

J’ai répondu par courrier, comme cela se faisait à l’époque. Une lettre manuscrite, humble, sincère. Accompagnée d’une enveloppe timbrée pour envoyer au correspondant. Rien que ce geste, attendre une réponse, imaginer que peut-être Elle prendrait la peine de me lire, avait quelque chose de profondément soumis.

Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. Je décroche. C’est Elle.

Sa voix. Calme. Maîtrisée. Chaque mot pesé. Elle ne se présente pas. Elle s’impose. D’un ton neutre, presque détaché, Elle me dit qu’Elle a lu ma lettre, qu’Elle veut me rencontrer. Pas de place pour le débat : Elle fixe la date, l’heure, le lieu. Puis, Elle ajoute, avec cette pointe de contrôle qui ne me quittera plus :

“Tu viendras habillé comme je vais te le dire. Ce sera ton premier test.”

Elle me décrit la tenue : pantalon noir repassé, pull gris clair, chaussures noires impeccablement cirées. Pas de parfum. Les cheveux bien coiffés. Une apparence sobre, soignée. Rien d’extravagant, mais je devinais déjà que tout avait une signification, un sens, une fonction.

Le jour du rendez-vous, j’arrive en avance. J’obéis. Je suis tendu, les mains moites, le cœur battant trop vite. J’attends là, dans ce lieu public, en apparence banal. Un café près d’une grande place. Je regarde autour de moi mais je ne vois personne qui correspond à l’idée que je me fais d’Elle. Et pourtant… je sens Sa présence. Je sais qu’Elle m’observe. Elle me jauge, Elle m’évalue, Elle prend Sa décision.

Enfin, Elle s’approche. Elle me regarde, ne dit rien tout de suite. Puis un léger hochement de tête. Elle m’invite à La suivre. On va au restaurant. Là, posément, entre deux silences pesants, Elle me dit cette phrase que je n’oublierai jamais :

“À partir de maintenant, tu ne choisiras plus jamais tes menus. C’est Moi qui déciderai ce que tu manges.”

C’est simple, presque anodin, mais c’est un point de bascule. À cet instant précis, je cède quelque chose de fondamental. Le choix, le contrôle, l’autonomie. Elle commence à prendre ce qui deviendra bientôt une habitude : Maîtriser mes habitudes, mes gestes, mes besoins.

Le repas se déroule dans un mélange de malaise et de fascination. Elle ne cherche pas à me mettre à l’aise. Elle m’impose Son rythme, Son regard, Sa logique. Ce n’est pas une séduction. C’est une prise de possession en douceur, mais sans équivoque.

Avant de nous séparer, Elle me fixe un second rendez-vous. Le lendemain, chez Elle. Pas pour parler, pas pour échanger. Pour servir.

Je dois venir avec des vêtements de ménage, discrets. Pas de discussion. Je suis convoqué pour faire le ménage, un “test”, dit-Elle. Voir ce que je vaux. Voir si je suis vraiment capable de m’effacer, de m'appliquer dans une tâche simple, utile, ingrate. Il ne s'agit pas de briller. Il s'agit d'obéir, correctement.

Je passe deux heures à briquer, à nettoyer chaque recoin comme si ma place à Ses pieds en dépendait. Et peut-être que c’était vrai. Elle ne commente rien, ne m’encourage pas, ne me corrige pas. Elle observe. Elle note. Elle juge en silence.

Ce jour-là, quelque chose s’est scellé.

Ce n’était que le début. Mais je le sentais déjà : ce lien allait me transformer. Ce n’était pas un jeu. Ce n’était pas un fantasme. C’était une rencontre d’âmes, déséquilibrée, asymétrique, mais profondément sincère. J'avais trouvé Ma Maîtresse. Et Elle avait commencé à me façonner.
il y a 1 jour

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