Un jour avec lui... et sans moi

Ce matin-là, je me suis réveillé comme à mon habitude, au pied du lit de Maîtresse, sur mon matelas. Mon premier souffle du jour, c’est sa main, douce et lente, qui caresse mes cheveux. Un réveil tendre, presque affectueux… mais chez Elle, même la tendresse est un ordre déguisé.

« Aujourd’hui, je reste au lit. J’ai pris un jour de RTT », dit-Elle tranquillement.
Puis, d’une voix plus ferme : « File à la douche. Et rase moi cette barbe, tu piques. »

Je m’exécute sans un mot, portant mon collier métallique, plus pratique pour la douche. Une fois propre, le visage rasé de près, je prépare son petit déjeuner avec soin. Je le lui apporte sur un plateau. Je tire les rideaux : la lumière baigne la pièce, Elle est radieuse. Je me mets à genoux, silencieux, à sa hauteur.

Elle me fixe avec un demi-sourire.
« Maintenant, offre moi ta langue. »

Je m’incline entre ses cuisses, la sers comme Elle l’entend, m’effaçant dans son plaisir. Et pendant que je la goûte, Elle m’annonce calmement :
« Je passe la journée avec mon amant. »

C’est dit sans détour. Une évidence. Je n’ai pas à réagir, juste à encaisser.

« Tu vas me choisir trois robes. Je ne sais pas encore laquelle mettre. »

Je file au dressing. Je repasse, plie, déplie, prépare ses robes avec soin. J’imagine son corps dans chacune, ses gestes, son sourire, ses soupirs… pour un autre.

Quand l’heure de partir au travail arrive, je m’habille. Avant de franchir la porte, je retourne vers Elle. Toujours allongée dans le lit. Je me mets à genoux. Elle retire mon collier, je baisse la tête, et je dépose un baiser à ses pieds.

« Passez une belle journée, Maîtresse. »

Dans la matinée, alors que je suis absorbé par le travail, Elle m’envoie une photo. Elle a choisi l’une des robes que j’avais préparées. Celle que je lui avais offerte, il y a quelques mois.
« Dommage que tu ne sois pas là pour me chausser », écrit-Elle.
Mon cœur se serre. Mais je souris.

On échange quelques messages. Puis :
« Il est là. Je t’aime. »
Je réponds simplement :
« Passez une belle journée, Maîtresse. Je vous aime. »

Et puis, plus rien. Silence. Ce qui est rare. Elle m’écrit souvent dans la journée. Là, rien. L’absence est un poids doux-amer.

À la cantine, je reçois enfin un message. Une photo. Son assiette dans un joli restaurant.
C’est tout.
Un rappel qu’Elle est ailleurs. Comblée. Et moi, ici. À ma place.

La journée se termine. À 17h30, je m’apprête à rentrer. Mais un message tombe :
« Ne rentre pas tout de suite. Je t’enverrai les consignes plus tard. »

Je tourne en rond. Je vais au centre commercial. Je pense lui acheter des fleurs… mais Elle garde ma carte bleue. Comme toujours.

Il est 19h lorsque le message arrive enfin :
« Tu peux rentrer. »

Je rentre, selon le rituel : je me déshabille dans l’entrée, prends mon collier dans le placard, puis je me rends au salon. Elle est là, allongée dans le canapé, divine dans une nuisette noire, des bas noirs… sublime, reposée, conquérante.

Je me mets à genoux. Je lui tends le collier.
Elle le passe autour de mon cou sans un mot.
Alors, humblement, je murmure :
« Avez-vous passé une bonne journée, Maîtresse ? »

Elle me regarde, un sourire au coin des lèvres.
« Je te raconterai. Mais d’abord, fais couler mon bain. Range la chambre. Change les draps. Et prépare un bon repas. »

Je m’incline et pars exécuter ses ordres. Je fais couler un bain tiède, y verse quelques gouttes de son huile parfumée préférée. Je vais à la chambre : j’enlève les draps froissés, nettoie, remets tout en ordre. J’efface toute trace… sans rien oublier.

En cuisine, je prépare un repas léger mais soigné. Tout est prêt. Je retourne vers Elle.

« Aide-moi à me lever. »

Je l’aide à se lever, la soutiens jusqu’à la salle de bain. Elle s’installe dans l’eau, ferme les yeux. Je reste là, à genoux, à Sa disposition.
Puis Elle parle. Calmement. Lentement.

Elle me raconte. Le déjeuner. Les rires. On a marché main dans la main après le repas, dit-Elle, comme une évidence douce.
Les mains de l’autre sur son corps. Les draps froissés d’un lit que je ne verrai jamais.
Elle me décrit l’instant, sans vulgarité. Mais sans me ménager non plus.
« La robe que tu avais choisie… elle lui a beaucoup plu. »
Elle sourit, presque moqueuse.
« Pendant le trajet du retour, il a glissé sa main sur ma cuisse, et l’a remontée jusqu’à mon sexe. J'avais envie de lui. Son sexe était dur. On s’est arrêtés dans un coin tranquille. Je lui ai fait une fellation pour le calmer… mais une fois à la maison, il était encore en forme. »

Elle me dit tout, sans détour. Sans se cacher. Parce que je dois tout entendre. Et tout intégrer.

Quand Elle sort du bain, je suis prêt, serviette à la main. Je la sèche doucement. Je la ramène au salon. Elle s’allonge à nouveau, détendue, triomphante. Moi, je suis à ses pieds, assis en silence.

Elle glisse un pied sur mon épaule. Puis sur mon torse. Lentement. Elle descend vers mon ventre, jusqu’à ma cage de chasteté.
Son regard se plante dans le mien. Elle sourit, joue de ses orteils contre le métal froid.

Elle me frôle, m’effleure, presse doucement.

« Il est tendu, ton petit sexe enfermé ? » demande-t-Elle, presque amusée.

« Oui, Maîtresse… »

Elle continue, dessine de petits cercles sur la cage, me caresse sans jamais rien offrir de plus. Je frémis. Je brûle. Et je reste parfaitement immobile.

Ce n’est pas une récompense. C’est une piqûre de rappel.
Le désir ne m’appartient pas.
Pas plus que mon plaisir.

Puis Elle retire son pied.
« Va me chercher un verre de vin. Rouge. Léger. »

Je me lève, frustré, humilié, honoré.
Avant que je quitte la pièce, Elle ajoute, presque tendrement :

« Ce soir, tu dormiras à mes pieds. Juste avec mes souvenirs dans ta tête. »

Je souris intérieurement.
Oui. C’est à ma place que je suis le plus vivant.

Elle me regarde, un instant. Puis, sans détour :
« Je t’aime. »

Mon cœur bat plus fort. Je baisse la tête, ému, profondément heureux.

« Je vous aime, Maîtresse. De tout mon être. Merci d’être Vous. »
il y a 1 jour

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